L’Italie invente le populisme arc en ciel. Le vieux slogan de l’unité italienne « fara da se » est de retour
Pierre Bonnevey
Ils l’ont fait. Ils ont pu constituer un gouvernement. Ce gouvernement enrage l’idéologie dominante et la technocratie mondialiste de Bruxelles. On ne peut donc que s’en réjouir. Tout sera fait pour le diaboliser ou le discréditer. Cela a déjà largement commencé.
Nos médias ont longtemps espéré que le président italien refuse le premier ministre choisi et donc le vote populaire. Raté. Ils se sont ensuite lancés sans attendre dans une campagne de presse pour présenter Giuseppe Conte comme un usurpateur de titres universitaires, devenant sans compétences politiques, l’homme de paille de la ligue et de 5 étoiles. L’arrivée au premier plan d’un parfait inconnu, sans aucune expérience politique, est tout sauf une première en Italie, où les gouvernements techniques, ces vingt dernières années, de Lamberto Dini (1995-1996) à Mario Monti (2011-2013), ont très souvent été la solution à l’incapacité des forces politiques à s’entendre.
Mais ces deux partis, l’un de la droite identitaire et l’autre du dégagisme antisystème ont réussi quelque chose d’unique. Une coalition arc en ciel des populistes anti européens dans la diversité de leur positionnement politique. C’est autre chose que l’union droite forte et droite identitaire comme en Autriche. C’est l’Italie.
Les Italiens d’abord veulent « fara da se », se faire d’eux même et ce langage national sera très bien perçu par Washington. Mais pour la ligue il s’agit bien évidement d’un pari risqué. Car 5 étoiles est fondamentalement peu fiable. Un choix d’alliance lourd de conséquences qui lui interdit désormais tout retour en arrière et préfigure, dans les semaines à venir, une profonde recomposition du paysage politique italien. Ses anciens alliés de Forza Italia (partisans de Silvio Berlusconi) et Fratelli d’Italia (postfascistes) ont annoncé qu’ils ne voteraient pas la confiance au nouveau gouvernement. En décidant de lier son destin à celui des 5 étoiles, Salvini a tourné le dos à l’alliance qui a assuré à la Ligue tous ses succès du quart de siècle écoulé.
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