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sábado, 2 de junio de 2018

Le responsable de la crise italienne n’est pas le marché, mais cette Europe de la rigidité


Le marché est-il responsable de la crise italienne ?

Le marché est-il véritablement le coupable de la situation italienne, ou l’alibi parfait des politiciens pour se dédouaner de leurs responsabilités ?


Par Jonathan Frickert.


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LE MARCHÉ, UN ALIBI BIEN UTILE

Le marché « n’a pas de nom, pas de visage », pour paraphraser les mots d’un ancien président de la République française. Personne ne peut lui demander de comptes, ce qui provoque bien des fantasmes. Il n’a pourtant pas de volonté propre. Lorsqu’on entend certaines personnes, on a l’impression que le marché est l’enfant incestueux des illuminati ou des reptiliens.

On n’a jamais rencontré le marché, mais on se défausse allègrement sur lui pour se soulager de l’impérieuse nécessité de rigueur intellectuelle. Un raisonnement propre à toutes les théories du complot.

Pour cause : le marché, c’est nous. De la même manière, les marchés financiers, dont c’est l’objet ici, ne sont que des marchés portant sur des produits financiers : actions, taux d’intérêt…

En suivant Günther Oettinger, le marché serait le grand responsable de la crise italienne, alors que ce membre de l’exécutif européen a bien conscience que l’institution pour laquelle il travaille est une machine capable de produire 454 réglementations sur les serviettes de bain.

En termes de réglementation financière, l’Union compte un comité européen de risque systémique, assisté par l’Autorité bancaire européenne, l’Autorité européenne des Assurances et des Pensions, l’Autorité européenne des Marchés Financiers, ainsi que par les autorités nationales telles que l’AMF pour la France. Ajoutons à cela la BCE et quelques 16 000 textes normatifs portants sur les marchés financiers et vous comprendrez aisément que le marché est, une nouvelle fois, l’alibi des politiciens. « On n’y peut rien, c’est le marché. »

EN FINIR AVEC L’EUROPE DE LA RIGIDITÉ

La justification officielle du président de la République Sergio Mattarella pour ne pas nommer Savona tient dans le fait que le premier est garant des traités, lesquels engagent naturellement l’État.

Or, un traité peut se renégocier ou même purement et simplement être dénoncé. La Grande-Bretagne a passé trente ans de bras de fer diplomatiques avec l’Union afin de maintenir son indépendance, jusqu’à voter sa sortie il y a deux ans. Alors, pourquoi cette question des traités pose-t-elle tant problème ? Sauf à reconnaître que l’État n’est pas sensible au contrôle démocratique, la question des traités n’est qu’un prétexte.

Au regard de la Constitution italienne, le chef de l’État dispose de la compétence de ratifier les accords internationaux après autorisation des Chambres (articles 80 et 87). La véritable question est donc la solidarité européenne, corsetant toute action nationale du fait de traités auxquels personne n’ose toucher, si ce n’est à la marge. Une problématique d’autant plus grande lorsqu’il faut l’unanimité de 28 États pour toucher ne serait-ce qu’une minuscule virgule.

Les élections internes n’ont qu’une incidence négligeable sur les domaines relevant des institutions européennes. Il existe trois types de compétences européennes. Les compétences exclusives relèvent de l’Union, les compétences partagées relèvent des États membres à titre supplétif et les compétences d’appui sont dévolues à l’Union uniquement en vue de coordonner les politiques nationales.

Ainsi, il ne saurait y avoir de contrôle démocratique national sur les domaines suivants : l’union douanière, la concurrence, la monnaie, l’écologie marine, la pêche, le commerce et les accords internationaux. Le marché intérieur, certains aspects de la politique sociale, l’agriculture, l’environnement, le droit des consommateurs, le transport, l’énergie, la recherche et l’aide humanitaire sont partagés et donc partiellement influençables au niveau national.



Le véritable responsable de la crise italienne n’est donc pas le marché, mais cette Europe de la rigidité. Comment, ainsi, défendre ces institutions en se prétendant promoteur des libertés ?

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