Un été avec Georges Bernanos
De Guy Gaucher
" Ceux que j'appelle ne sont évidemment pas nombreux. Ils ne changeront rien aux affaires de ce monde. Mais c'est pour eux, c'est pour eux que je suis né ", écrivait Bernanos clans la préface des Grands Cimetières sous la lune.
Voilà un livre surprenant : tout le contraire du divertissement de plage, il nous saisit au cœur pour nous entraîner vers les chemins escarpés d’une exigeante méditation. La proposition, en revanche, n’a rien d’inattendu. Après Bernanos ou l’invincible espérance (Cerf, 1994), Mgr Guy Gaucher nous propose une « retraite avec Georges Bernanos dans la lumière de sainte Thérèse de Lisieux », fruit d’une retraite prêchée à un carmel féminin sur la spiritualité thérésienne de l’écrivain.
Collant aux écrits de Bernanos, l’évêque auxiliaire émérite de Bayeux-Lisieux, carme lui-même, décrypte tous les grands thèmes qui forment la charpente d’une œuvre colossale (tant d’un point de vue littéraire que spirituel). Prouvant au passage que l’univers bernanosien est tout, sauf sinistre et poisseux.
Certes, Bernanos est ce qu’on peut appeler un « écrivain torturé », hanté jusqu’à l’extrême par la question du péché sous toutes ses formes, mensonge, médiocrité, perversité, lâcheté, drogue, etc. Certes, il regarde la misère en face, misère matérielle et morale qui le transperce. Mais il sort triomphant de ce combat de Jacob, au bout duquel se trouve « une autre aurore », une autre joie, une autre espérance. La prière le tire de l’abîme. Et la petite voie d’enfance, suivie aux côtés de sainte Thérèse de Lisieux, le calme de ses angoisses.
Sans ce face-à-face avec Dieu, le mystère de la grâce ne se serait jamais aussi bien incarné en romans… et des générations de lecteurs n’auraient peut-être jamais eu accès à cette part secrète d’eux-mêmes. C’est ce que fait admirablement ressortir Mgr Gaucher.
Écoutons plutôt cette confidence merveilleuse, recueillie dans La Lettre aux Anglais datée de fin 1940 : « L’expérience m’a prouvé trop tard qu’on ne saurait expliquer les êtres par leurs vices, mais au contraire par ce qu’ils ont gardé d’intact, de pur, par ce qui reste en eux de l’enfance, si profond qu’il faille chercher ».
Le livre est dense. Mais, redisons-le, on ne voit pas passer les pages. Un été avec Bernanos ? On saute sur l’occasion.
Lire la suite: www.famillechretienne.fr
« Tout est grâce ». Retraite avec Georges Bernanos dans la lumière de sainte Thérèse de Lisieux, Gaucher G., coll. Épiphanie, Paris, Cerf, 2009, 22x15, 231 p., 18 €. ISBN 978-2-204-08919-7
Évêque auxiliaire émérite de Bayeux et Lisieux, l'A., qui a consacré plusieurs ouvrages à Thérèse de Lisieux et à Georges Bernanos, reproduit ici les huit « méditations » de la retraite qu'il a prêchée à des religieuses carmélites en 2004.
Voilà un livre surprenant : tout le contraire du divertissement de plage, il nous saisit au cœur pour nous entraîner vers les chemins escarpés d’une exigeante méditation. La proposition, en revanche, n’a rien d’inattendu. Après Bernanos ou l’invincible espérance (Cerf, 1994), Mgr Guy Gaucher nous propose une « retraite avec Georges Bernanos dans la lumière de sainte Thérèse de Lisieux », fruit d’une retraite prêchée à un carmel féminin sur la spiritualité thérésienne de l’écrivain.
Collant aux écrits de Bernanos, l’évêque auxiliaire émérite de Bayeux-Lisieux, carme lui-même, décrypte tous les grands thèmes qui forment la charpente d’une œuvre colossale (tant d’un point de vue littéraire que spirituel). Prouvant au passage que l’univers bernanosien est tout, sauf sinistre et poisseux.
Certes, Bernanos est ce qu’on peut appeler un « écrivain torturé », hanté jusqu’à l’extrême par la question du péché sous toutes ses formes, mensonge, médiocrité, perversité, lâcheté, drogue, etc. Certes, il regarde la misère en face, misère matérielle et morale qui le transperce. Mais il sort triomphant de ce combat de Jacob, au bout duquel se trouve « une autre aurore », une autre joie, une autre espérance. La prière le tire de l’abîme. Et la petite voie d’enfance, suivie aux côtés de sainte Thérèse de Lisieux, le calme de ses angoisses.
Sans ce face-à-face avec Dieu, le mystère de la grâce ne se serait jamais aussi bien incarné en romans… et des générations de lecteurs n’auraient peut-être jamais eu accès à cette part secrète d’eux-mêmes. C’est ce que fait admirablement ressortir Mgr Gaucher.
Écoutons plutôt cette confidence merveilleuse, recueillie dans La Lettre aux Anglais datée de fin 1940 : « L’expérience m’a prouvé trop tard qu’on ne saurait expliquer les êtres par leurs vices, mais au contraire par ce qu’ils ont gardé d’intact, de pur, par ce qui reste en eux de l’enfance, si profond qu’il faille chercher ».
Le livre est dense. Mais, redisons-le, on ne voit pas passer les pages. Un été avec Bernanos ? On saute sur l’occasion.
Lire la suite: www.famillechretienne.fr
Évêque auxiliaire émérite de Bayeux et Lisieux, l'A., qui a consacré plusieurs ouvrages à Thérèse de Lisieux et à Georges Bernanos, reproduit ici les huit « méditations » de la retraite qu'il a prêchée à des religieuses carmélites en 2004.
Il y évoque le monde spirituel de l'oeuvre romanesque bernanosienne: désespoir, suicide, médiocrité, mission, communion des saints, agonie, mort, paix…
Après avoir traité spécifiquement quelques-uns de ces thèmes fondamentaux (vocation; péché; grâce; prière), il esquisse, en un chapitre capital, le « chemin christique » du curé d'Ambricourt.
Puis, inspiré par Hans Urs von Balthasar - «Sainte Thérèse est partout présente dans l'oeuvre de Bernanos», Le Chrétien Bernanos, 1956 - il étudie l'influence de Thérèse de Lisieux dans la vie et dans l'oeuvre de Bernanos, un sujet qui avait déjà éveillé l'attention de soeur Marie Frances Catherine Dorschell (Georges Bernanos' Debt to Thérèse de Lisieux, Mellen University Press, USA, 1996). L'A. voit en Chantal de Clergerie une Thérèse laïque: non seulement les thèmes qu'elle développe (esprit d'enfance, abandon, simplicité, joie…) mais le vocabulaire lui-même et les images qu'elle utilise sont thérésiens.
Les deux dernières méditations traitent de l'«invincible espérance» et de «notre Église, Église des saints».
Les propos de l'A. sont illustrés d'impressionnantes citations, extraites de nombreux ouvrages de Bernanos.
Chaque méditation est suivie de l'un ou l'autre texte biblique qui en étaie le propos. Un ouvrage qu'apprécieront parti
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