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sábado, 21 de noviembre de 2015

Suivisme ou concurrence, les Français emboîtaient systématiquement le pas des Américains dont la politique est soit machiavélique, soit stupide, mais toujours désastreuse.


Nommer l’Ennemi : l’Etat islamique !


par Christian Vanneste

Désigner l’ennemi et avoir le courage de le nommer sont les préalables de toute politique. L’incurie de nos gouvernants éclate au grand jour dans leur double défaillance envers ce principe. Jusqu’au lendemain des attentats du 13 Novembre, l’ennemi était à la fois le régime syrien et « daesh ». Le gouvernement français faisait même une fixation sur Bachar Al-Assad, cible prioritaire il y a un an encore et dont Fabius souhaitait la mort, comme si son départ aurait changé un système dont il n’est que l’héritier. Il citait le Président syrien, mais évitait de parler d' »Etat islamique », préférant employer l’acronyme arabe. Ce jeu verbal, puéril et dérisoire, s’accompagnait d’encouragements aux autres « djihadistes » réputés faire du « bon boulot »et à qui on envoyait des armes. Le discours prétentieux de notre exécutif justifiait l’ingérence au nom de la démocratie et des droits de l’homme tandis qu’il allait, toute honte bue, baiser les babouches des rois du pétrole et du gaz dont on sait qu’ils ne sont pas sans rapports avec le djihad et en ont peu avec les droits de l’homme et la démocratie.

Suivisme ou concurrence, les Français emboîtaient systématiquement le pas des Américains dont la politique est soit machiavélique, soit stupide, mais toujours désastreuse. A cet égard, la conquête de l’Irak a atteint un sommet. Opérée sous prétexte d’une complicité entre Al Qaïda et Saddam assortie d’une menace d’armes de destruction massive, toutes deux infondées, elle a abouti à laisser tout le nord sunnite du pays aux mains de cette alliance désormais réalisée entre officiers baassistes et fanatiques sunnites, tandis que le sud chiite se rapprochait des ennemis iranien et syrien : un désastre inutilement coûteux en vies humaines ! Allié inconditionnel d’Israël, Washington n’a cependant pas cessé de soutenir les « amis » de ses partenaires économiques et stratégiques musulmans, contre les Serbes en Bosnie et au Kosovo, au Koweit, et dans le vaste mouvement du « printemps arabe ». L’objectif déclaré était d’établir la démocratie et l’indépendance contre des dictatures nationalistes et plutôt laïques. En réalité, partout, sauf à Bagdad, ce sont des groupes sunnites soutenus par la Turquie et les Pays du Golfe qui ont été à l’oeuvre. Entre Frères Musulmans et Etat islamique, de la Libye à l’Irak, le chaos s’est installé, des territoires entiers ont échappé à un contrôle légal et sont devenus les bases du terrorisme international. Il y avait un Afghanistan, on en a maintenant cinq ou six ! Contrairement à ses affirmations, l’administration Obama ne fait pas la guerre à l’Etat islamique. Son ennemi est la Russie, et ses alliés. L’ennemi de ses amis est le chiisme. Si on peut s’étonner de la totale inefficacité des bombardements américains depuis un an, on doit condamner la complicité objective des Etats-Unis avec la répression saoudienne contre les Chiites de Bahrein, l’intervention des monarchies du Golfe au Yémen, les bombardements turcs contre les Kurdes qui sont le contrepoint révélateur de leur inaction face à l’Etat islamique et de leur soutien aux rebelles syriens dits « modérés ».

La France paye aujourd’hui la faute lourde qui lui a fait soutenir la politique américaine au Proche et Moyen-Orient après son refus justifié d’approuver l’invasion de l’Irak. En Libye comme en Syrie, la France a même voulu être plus américaine que l’Amérique. Elle se retrouve maintenant plus exposée que d’autres sur la ligne de front. Jamais sans doute politique étrangère française ne fut plus confuse et néfaste. « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement… » Nos responsables politiques devraient se rappeler ce principe de l’âge classique.

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