sábado, 19 de agosto de 2017

« Les 100 jours sous le regard de Frédéric Bastiat. Laissez faire ou se laisser faire ? ».


La fausse morale des politiciens français


Par Patrick de Casanove.

Quand on regarde ce qui s’est déroulé lors des élections présidentielles et législatives de 2017, on constate que l’économie est passée à l’arrière-plan des programmes électoraux. Ceux-ci étaient convenus et parfois très succincts.

La souffrance des Français, leur rejet des politiciens, leur immense espoir de changement et les déboires judiciaires de son principal adversaire ne sont pas des facteurs économiques, mais ils ont entraîné le succès d’Emmanuel Macron.

LA MORALE, VOILÀ CE QUI A ÉTÉ AU PREMIER PLAN DES DÉBATS

Cela en dit long sur le désarroi des Français. Ils ont pris acte de l’échec économique de l’État depuis 70 ans, de l’État stratège comme de l’État bâtisseur : 6 millions de chômeurs, plus de 2000 milliards de dette publique, des prélèvements obligatoires atteignant, en 2016, 44,2% des richesses produites et, en 2016 toujours, 56,2% du PIB consacré aux dépenses publiques, une protection sociale, soins comme retraites, en faillite, aucun budget équilibré depuis 1974, etc.

Les Français n’attendent même plus des politiciens une quelconque utilité ou efficacité, mais simplement qu’ils aient, puisque donneurs de leçons, un minimum de moralité.

LE TOUT EST DE SAVOIR CE QU’EST LA MORALITÉ

Emmanuel Macron a engagé trois « grandes réformes » : celle de l’éducation, celle du Code du travail et celle de la fiscalité, en particulier locale avec la suppression sélective de la taxe d’habitation, « compensée » par l’augmentation de la CSG. En vérité ce ne sont que de simples modifications de paramètres, de simples changements des règlements qui régissent la vie des Français.

En complément de celles-ci le Président a décidé de « moraliser » la vie politique. Cette loi de moralisation est la conséquence directe de la très providentielle « affaire Fillon. » C’est donc une loi de circonstance.

Comme tous ses prédécesseurs, Emmanuel Macron est un étatiste, c’est-à-dire qu’il pense que la loi fait la morale et que l’État dit le droit et fait la loi.

Pour Frédéric Bastiat, économiste français du XIXème siècle, l’État n’a rien de moral : « L’État,c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde. » (L’État, 1848). Le Fisc et l’URSSAF sont de fidèles et efficaces serviteurs de l’État mais ils n’ont rien à voir avec la morale. Les systèmes policiers et judiciaires appliquent la politique de l’État et, partant de là, n’ont rien à voir non plus avec la morale.

ALORS, QU’EST-CE QUE LA MORALE ?

Le Larousse en donne cette définition :
Science du bien et du mal, théorie des comportements humains, en tant qu’ils sont régis par des principes éthiques.(http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/morale/52564#ohhu0q1D2s3lkUhB.99)
Pour Frédéric Bastiat la morale est que l’État, comme les individus, respectent les Droits Naturels individuels : la Liberté, la Propriété, la Personnalité.
Quand la loi et la Force retiennent un homme dans la Justice, elles ne lui imposent rien qu’une pure négation. Elles ne lui imposent que l’abstention de nuire. Elles n’attentent ni à sa Personnalité, ni à sa Liberté, ni à sa Propriété. Seulement elles sauvegardent la Personnalité, la Liberté et la Propriété d’autrui. Elles se tiennent sur la défensive ; elles défendent le Droit égal de tous. Elles remplissent une mission dont l’innocuité est évidente, l’utilité palpable, et la légitimité incontestée. (…) Le but de la Loi est d’empêcher l’Injustice de régner. (La Loi, 1850).
Pour Jacques de Guenin fondateur du Cercle,
la morale libérale est une morale altruiste : elle enseigne le respect de la liberté de l’autre. Vouloir qu’un individu soit libre, c’est s’interdire d’obtenir quoi que ce soit de lui par la tromperie, le vol ou la coercition. S’il veut rallier quelqu’un à ses idées, le libéral n’utilise pas d’autres moyens que l’exemple ou la discussion. S’il veut obtenir d’un autre un bien ou une prestation quelconque, il ne procède que par un échange librement consenti (Logique du libéralisme, 2006).
C’est le contraire de ce que fait l’État, qui moralise par la contrainte.

C’est le contraire de ce que fait l’État, qui ne procède que par la spoliation légale.

LA SPOLIATION, MÊME LÉGALE, N’A RIEN DE MORAL

Pour en arriver là il a fallu pervertir la loi. Bastiat dénonce :
La loi pervertie ! La loi — et à sa suite toutes les forces collectives de la nation, — la Loi, dis-je, non seulement détournée de son but, mais appliquée à poursuivre un but directement contraire ! La Loi devenue l’instrument de toutes les cupidités, au lieu d’en être le frein ! La Loi accomplissant elle-même l’iniquité qu’elle avait pour mission de punir ! (La Loi, 1850).
La perversion de la loi engendre la spoliation légale :
La chimère du jour est d’enrichir toutes les classes aux dépens les unes des autres ; c’est de généraliser la Spoliation sous prétexte de l’organiser. Or, la spoliation légale peut s’exercer d’une multitude infinie de manières ; de là une multitude infinie de plans d’organisation : tarifs, protection, primes, subventions, encouragements, impôt progressif, instruction gratuite, Droit au travail, Droit au profit, Droit au salaire, Droit à l’assistance, Droit aux instruments de travail, gratuité du crédit, etc. Et c’est l’ensemble de tous ces plans, en ce qu’ils ont de commun, la spoliation légale, qui prend le nom de Socialisme. (La Loi, F. Bastiat,1850)
Un fois cela posé on constate que tous les hommes politiques français sont adeptes de laspoliation légale. Seul varie ensuite le niveau de spoliation qu’ils veulent imposer aux populations ; elle est la justification de leur existence, d’où l’intérêt qu’ils ne cessent de lui porter.
LA PROSPÉRITÉ FRANÇAISE SE DÉLITE

C’est pourquoi tous les gouvernements de notre pays se sont appliqués avec constance et aveuglement à l’accroître. Il en découle que la société française n’est ni juste, ni unie, ni fraternelle et que sa prospérité se délite.

La seule véritable moralisation consisterait à mettre fin à un système qui repose sur ce principe de « spoliation légale » :

« Tu ne voleras pas ».

La France traverse une période matérielle et morale difficile. Les Français ne font plus confiance aux hommes politiques et des fissures sociales creusées par 70 ans de socialisme deviennent des failles béantes.
Le déplacement de la responsabilité a faussé l’opinion populaire. Le peuple, accoutumé à tout attendre de l’État, ne l’accuse pas de trop faire, mais de ne pas faire assez. Il le renverse et le remplace par un autre, auquel il ne dit pas : Faites moins, mais : Faites plus; et c’est ainsi que l’abîme se creuse et se creuse encore. (Services privés, service public, F. Bastiat, 1864).
Les valeurs et la culture qui ont forgé leur pays sont mises à mal. Beaucoup désespèrent de sortir par le haut de cette situation. Or dans un tel contexte, les idées de Frédéric Bastiat gagneraient à être connues et mises en œuvre.

Il écrit :
Se conserver, se développer, c’est l’aspiration commune à tous les hommes, de telle sorte que si chacun jouissait du libre exercice de ses facultés et de la libre disposition de leurs produits, le progrès social serait incessant, ininterrompu, infaillible. (La Loi,1850).
Quand l’État entrave « le libre usage des facultés, la libre disposition des produits et des biens », il sort de son rôle. La Loi est pervertie, c’est la spoliation légale ou socialisme. Il est impossible de bâtir une société juste sur la spoliation.

SPOLIATION ET VIOLENCE

La spoliation ne peut engendrer que la violence. Frédéric Bastiat écrit :
On se plaint des tendances révolutionnaires des hommes. Assurément on n’y réfléchit pas. Quand on voit, chez un grand peuple, les services privés envahis et convertis en services publics, le gouvernement s’emparer du tiers des richesses produites par les citoyens, la loi devenue une arme de spoliation entre les mains des citoyens eux-mêmes, parce qu’elle a pour objet d’altérer, sous prétexte de l’établir, l’équivalence des services; quand on voit la population et le travail législativement déplacés, un abîme de plus en plus profond se creuser entre l’opulence et la misère, le capital ne pouvant s’accumuler pour donner du travail aux générations croissantes, des classes entières vouées aux plus dures privations; quand on voit les gouvernements, afin de pouvoir s’attribuer le peu de bien qui se fait, se proclamer mobiles universels, acceptant ainsi la responsabilité du mal, on est étonné que les révolutions ne soient pas plus fréquentes, et l’on admire les sacrifices que les peuples savent faire à l’ordre et à la tranquillité publique (…) autant de causes de désordre, autant de ferments révolutionnaires. (Services privés, service public, 1850)
La philosophie de Frédéric Bastiat appartient à la pensée libérale classique française. Il a éclairé et rénové l’économie politique du XVIIIème et XIXème siècles puis fécondé la science économique moderne. Frédéric Bastiat est régulièrement présenté comme le précurseur de l’École Autrichienne d’Économie.

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