Cher Sandro,
La lecture de l’article « Jubilé de la Miséricorde, mais avec des confessionnaux vides » m’a laissé pantois. Quel regret amer que vous vous fassiez l’écho d’un propos liant trop intimement la papauté à la célébration des sacrements et notamment à celui de la confession sacramentelle. A moins que justement vous n’ayez décidé cette publication en espérant des contradicteurs. Eh bien j’en suis ! Et vous pouvez donner mon nom et le lieu de la mission !
Depuis que je suis arrivé à Dieppe en septembre 2013, en plus des 2 jours annuels déjà existant de confession sur la journée entière avec les prêtres du doyenné, j’ai annoncé 4 heures de confession par samedi de l’Avent et du Carême, toutes les soirées de la Semaine Sainte ainsi que toutes les soirées entre le dernier dimanche de l’Avent jusqu’au 24 décembre après la messe du matin. Pas une minute de répit ne m’a été accordée, même pas pour prier un peu le bréviaire ou réciter le chapelet en prenant à mon compte quelques pénitences à la manière du curé d’Ars !
Si, par grâce pour eux, un certain nombre de pénitents est régulier pour les fêtes – et leur confession est assez rapide -, un grand nombre d’autres se sont présentés à la Miséricorde de Dieu avec une immense espérance.
Impossible, parce que je n’ai pas compté, de vous dire le nombre d’hommes et femmes qui ne s’étaient pas confessés depuis des décennies et pourtant communiant chaque dimanche !
Impossible de vous dire le nombre de ceux qui entrant « par hasard » dans l’église ont senti un appel à se confesser !
Impossible d’entrer dans les détails de l’aveu des fautes, mais je peux vous assurer que le Pape François a aussi de l’influence pour les pénitents, y compris à partir de « qui suis-je pour juger ? » ! En effet, ces fidèles revenant à ce sacrement savaient dire qu’ils s’en remettaient à Dieu par ce sacrement et que si l’Eglise le proposait, c’était bien parce qu’il y avait une raison. Que de larmes, notamment chez beaucoup d’hommes, bouleversés par la vie et heureux de recevoir une parole les remettant debout !
Permettez-moi encore d’ajouter que si la parole fréquente du curé sur la vie sacramentelle peut avoir un effet, Internet peut en avoir aussi un autre. Ils sont nombreux ceux qui viennent avec un papier dans la main avec l’acte de contrition (« excusez-moi je ne le connais pas !) mais aussi avec une réflexion profonde et particulièrement juste sur leurs péchés, grâce à leurs recherches sur différents sites catholiques. Ils sont nombreux aussi ceux qui découvrent alors qu’ils ne pourront pas recevoir l’absolution sacramentelle mais qui supplient le prêtre de prier pour eux et avec eux, afin qu’ils entendent une parole non-sacramentelle de libération. Ils pleurent de joie et d’émotion ceux qui récitent avec le prêtre : « Notre Père… pardonne-nous nos offenses ».
Enfin, comment ne pas vous témoigner de l’intensité de la confession des enfants du catéchisme (de l’école catholique ou de la paroisse), dès la première année (et non pas la veille de leur première communion, qui sera souvent la dernière comme la confession). Ils sont honorés de cet entretien privé avec le prêtre. Ils savent particulièrement bien décrire les péchés commis, sans détour ! Ils deviennent ensuite non pas des enfants sages mais des témoins de la miséricorde auprès de leurs amis et parents. Ces derniers me demandent souvent avec un sourire en coin, « ce qu’ils ont bien pu vous dire » !
Au moment où l’on enterre le vieux prêtre curé du village de mes vacances, qui su jusqu’à ces jours derniers se rendre disponible pour les pénitents, j’espère que d’autres prêtres vont se manifester pour confirmer mon témoignage. Merci d’en rendre compte !
Geoffroy de la Tousche
Curé de Dieppe
Archidiocèse de Rouen, France
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