Ceux de 14, de Maurice Genevoix
Les amateurs du monde rural connaissent l’œuvre de Maurice Genevoix. Ils apprécient le talent de cet écrivain élégant qui chante la nature, sa beauté et ses charmes. Avec lui on gambade allègrement à travers la Sologne, la Touraine, en cette douce France si emblématique d’un art de vivre aujourd’hui bien ébranlé par la modernité. Cette œuvre champêtre a occulté un extraordinaire témoignage sur la grande guerre qui embrasa le monde et dont on célèbre aujourd’hui le centenaire.
Comme des milliers de ses contemporains, Maurice Genevoix est mobilisé. Il monte tout de suite en première ligne. Le jeune normalien qu’il est, promu sous-lieutenant, se trouve plongé en pleine bataille de la Marne. Aux Eparges, hier paisible commune de la Meuse, de furieux combats se déroulent : attaques, contre-attaques, corps à corps, guerre des mines. On s’étripe avec une fureur exterminatrice. Bientôt, le jeune officier est grièvement blessé. Il échappe au carnage sur une civière. En ce 25 avril 1915, il sort physiquement de la guerre. Mais sort-on jamais de cette boucherie ? À l’arrière, Genevoix reste toujours en compagnie de ses frères d’armes. Il faut raconter, rapporter l’indicible, dire l’horreur au quotidien, témoigner de l’abnégation et du sacrifice. Il ne faut pas oublier non plus la camaraderie avec ses joies et ses moments de détente lorsque, figé au fin fond d’un cratère ou planqué dans la chaleur d’une guitoune, on chante la vie au milieu des cadavres.
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