viernes, 18 de octubre de 2019

La séparation entre la sexualité et la procréation «Tout le reste n’est que conséquence»


Eugénisme, contraception, révolution sexuelle : les trois victoires du transhumanisme


Par Grégor Puppinck

Avec le vote, ce mardi 15 à l’Assemblée, du projet de loi bioéthique, le progressisme remporte une victoire décisive, et peut-être finale, dans le combat qu’il mène depuis deux siècles contre l’anthropologie chrétienne.




Au-delà de sa mesure phare – la « PMA pour toutes » –, le projet de loi relative à la bioéthique introduit une série de ruptures plus fondamentales encore que celle-ci : il sépare totalement la procréation de la sexualité par l’introduction de la PMA non-thérapeutique ; il rend indépendant de l’âge la faculté de procréer par la légalisation de l’autoconservation des gamètes ; il encourage l’eugénisme par l’extension du diagnostic prénatal et préimplantatoire ; il libéralise l’exploitation et la modification génétique des embryons humains ; il favorise l’avortement par la suppression du délai de réflexion et de l’autorisation parentale pour les mineurs ; il supprime la frontière entre l’homme et l’animal par l’autorisation de la greffe de cellules humaines sur des embryons animaux ; il substitue la volonté à la biologie comme fondement de la filiation.
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À cet égard, il importe de bien saisir que l’ensemble de ces mesures participent d’un vaste projet de transformation de l’homme qui a des racines profondes dans la pensée des Lumières, en particulier chez Condorcet qui croyait « qu’il n’a été marqué aucun terme au perfectionnement des facultés humaines » et que « la perfectibilité de l’homme est réellement indéfinie » (1795). Ce progressisme a trouvé, dans l’extrapolation de la théorie de Darwin, les bases scientifiques de sa vision philosophique du destin de l’humanité, et ce faisant une nouvelle morale. Selon cette vision, l’homme est un être spirituel (c'est-à-dire doté d’intelligence et de volonté) dont la conscience serait issue de la vie, et la vie de la matière. L’homme serait ainsi un mutant engagé dans un processus constant d’évolution – et d’élévation - par émancipation de la matière inerte puis de la vie animale, pour atteindre une forme de vie consciente, une vie « humaine ». 

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En France, l’eugénisme radical a été introduit en 1862 par Clémence Royer, fondatrice de l’obédience maçonnique Droit humain. Elle fait précéder sa traduction de L’origine des espèces de Darwin par une diatribe progressiste dénonçant les « représentants déchus ou dégénérés de l’espèce ». Elle est suivie notamment par Paul Robin, proche de Bakounine et de Ferdinand Buisson, qui fonde en 1896 une Ligue pour la Régénération humaine dont l’objet est de promouvoir la contraception, l’avortement et la liberté sexuelle. Eugéniste, il souhaite ainsi œuvrer à l’émergence d’une « nouvelle race, scientifiquement tant améliorée » que disparaîtraient devant elle tous les« résidus d'une fausse civilisation ». Pour lui, le respect « de la chasteté, de la pureté, est le dernier lambeau le plus résistant à la destruction des doctrines métaphysiques qui ont toujours opprimé les humains ». Charles Richet, prix Nobel de médecine en 1913 et vice-président de la Société française d’eugénisme, préconise « l’élimination des races inférieures » et « des anormaux ». Les exemples pourraient être multipliés. Tous sont convaincus d’avoir découvert la vérité du progrès humain et détestent le christianisme, dont ils dénoncent (avec Nietzsche) le caractère antinaturel de la charité envers les faibles.

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Pierre Simon, Henri Caillavet ou Jean-Louis Touraine et ne font, pour l’essentiel, que répéter et tenter d’appliquer un projet déjà ancien. Ils ont milité pour la légalisation de la contraception, de l’avortement, de l’euthanasie, de la GPA. Quant à l’eugénisme, il a gagné en efficacité en devenant libéral et sophistiqué ; mais sa forme primaire transparaît encore parfois, comme lorsque Henri Caillavet déclara en 2001 que « permettre à un enfant handicapé de venir au monde est une faute parentale et peut-être même le témoignage d'un égoïsme démesuré ». Pour Pierre Simon, comme pour Jean-Louis Touraine, le point de « basculement anthropologique » a été l’acceptation de la première séparation entre la sexualité et la procréation, c'est-à-dire de la contraception. « Tout le reste, dit ce dernier, n’est que conséquence ».



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