sábado, 1 de julio de 2017

Il faut choisir comme « dirigeants » les meilleurs...


Macron philosophe : faut-il faire confiance à un disciple de Platon ?


Par Claude Sicard.




Un article d’Emploi 2017

La France vient de se doter d’un dirigeant qui serait, aussi un philosophe, qualité indispensable pour bien diriger, nous dit Platon dans « La République ». Macron va-t-il illustrer ce jugement ? Nous saurons dans cinq ans si Platon avait tort ou raison.

Le philosophe grec Platon, au IVème siècle avant J-C, dans son ouvrage majeur La Républiqueavait esquissé les contours d’une cité idéale, une cité parfaite fondée sur la raison.

Dans cette cité paradisiaque régnerait la justice, mais, justice, disait Platon, ne signifie pas égalité. Pour diriger une telle cité, il faut choisir comme « dirigeants » les meilleurs. Ce sont nécessairement, disait Platon, des philosophes.

Le grand philosophe grec, en effet, a affirmé dans son ouvrage : « Seuls les philosophes savent ce qu’il faut faire pour qu’un État soit bien gouverné ». Mais il est très difficile de définir ce que l’on doit entendre par « philosophe » : au temps de Platon il s’agissait de la sagesse. Ce qui est certain, c’est que le philosophe pense d’une façon conceptuelle, radicale, et critique.

LE PRÉSIDENT PHILOSOPHE

Les Français viennent donc de confier le pouvoir à un président « philosophe » en lui donnant à l’Assemblée la majorité dont il a besoin pour gouverner. Un bon dirigeant, disait Platon, doit posséder « une forte éducation ». Il s’agit bien, avec Emmanuel Macron, d’un dirigeant ayant un niveau élevé de formation : Sciences-Po Paris, et l’ENA d’où il est sorti parmi les tout premiers, des grandes écoles que l’on considère parmi les meilleures de France.

Il est âgé de 39 ans, sensiblement plus jeune, donc, que le souhaitait Platon, et il possède, en plus de ses prestigieux diplômes, une sérieuse formation philosophique, ce qui manquait à tous ses prédécesseurs. Doit-on considérer que s’accomplit enfin, ainsi, le rêve de Platon ? Cela pourrait bien y ressembler, et, alors, « pouvoir politique et philosophie vont pouvoir se rencontrer », comme l’exigeait Platon.

Les médias nous parlent peu de la formation philosophique de Macron : elle est pourtant importante. Si l’on examine sa biographie, on voit qu’il a été l’assistant, pendant deux ans, du grand philosophe protestant Paul Ricœur, un philosophe qui était proche de Michel Rocard, lui-même également protestant. Et il a consacré un DEA à Hegel, le penseur de la dialectique et du système, un DEA qu’il passa à Nanterre.

INSPIRÉ PAR ÉTIENNE BALIBAR

Rue Saint-Guillaume, il a été beaucoup inspiré par Étienne Balibar, un philosophe marxiste qui a défendu activement la cause des immigrés clandestins. Sous sa direction, il a rédigé un mémoire sur Machiavel, que l’on considère volontiers comme le fondateur de la science politique moderne. Il aura sans doute appris de Machiavel que la politique n’est pas une science, mais un art !

Il faut noter, par ailleurs, qu’Emmanuel Macron a appartenu au comité de rédaction de la revueEsprit, et Marc-Olivier Pacles, l’ancien rédacteur en chef de la revue, a dit de ce jeune énarque qu’il était « un esprit brillantissime, doué d’une agilité intellectuelle hors du commun, capable d’exalter dans le même souffle Jeanne d’Arc et Victor Hugo ».

LES THÉORIES PHILOSOPHIQUES D’EMMANUEL MACRON

Le programme philosophique auquel a adhéré Emmanuel Macron relève d’un courant de pensée cohérent connu sous le nom de « libéralisme égalitaire », et il est inspiré de deux philosophes :John Rawls (1921-2002) et du prix Nobel d’économie Amartya Sen. Le libéralisme égalitaire est une philosophie de l’égalité des chances : dans une société juste, toute personne doit avoir la chance de réaliser ses projets sans que les inégalités de naissance ne l’en empêchent.

D’où le slogan de Macron : « La France doit être une chance pour tous ». Le libéralisme égalitaire veut accroître les libertés de base, égales pour tous, et réduire les inégalités économiques en limitant les désavantages des plus démunis.

Emmanuel Macron a hérité de Paul Ricœur un engagement intellectuel fort pour éclairer l’engagement politique. Il veut faire vivre ensemble éthique et politique « de façon à ce qu‘elles se fécondent mutuellement ». Le « en même temps » qu’il professe volontiers, et qui est souvent raillé par ses détracteurs, lui vient de Paul Ricœur qui a voulu remplacer le dilemme qui sépare et oppose, par la dialectique qui relie, fût-ce dans le conflit.

Dans un article dans la revue Le Temps, l’auteur explique que quand Macron dit « en même temps » il veut assumer le caractère tensionnel du réel avec lequel le politique doit composer. Ce n’est donc pas un tic. Il faut, à la fois, par exe
mple, libérer le travail pour que s’épanouisse l’économie, et protéger les plus fragiles. Autre exemple de la problématique Macron : il nous faut être fiers de la France et, en même temps, relancer la construction européenne.

Emmanuel Macron a livré, un jour, cette confidence : « Paul Ricœur m’a rééduqué sur le plan philosophique. Il m’a poussé à faire de la politique parce que lui-même ne l’avait pas fait ». Dans un long entretien qu’il accorda à l’hebdomadaire Le 1 on voit bien qu’Emmanuel Macron est fortement imprégné des grands philosophes, citant facilement Aristote, Descartes, Kant, Hegel, et, évidemment Paul Ricœur…

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