sábado, 22 de abril de 2017

Si Fillon est élu président, il disposera d’une majorité. Aucun autre candidat ne pourrait y prétendre, y compris Marine Le Pen. Or la France a besoin d’être gouvernée


Je voterai Fillon


Par Denis Tillinac / Jeudi 20 avril 2017 à 18:103


Edito. Pour sa conception du patriotisme, pour sa résilience, parce qu’il disposera d’une majorité à l’Assemblée, parce que la France a besoin d’être gouvernée.


Le capitalisme financier qui régente l’économie mondiale nous conduit tous à la ruine. Cheminade dénonce ses méfaits. Il a raison. Mais on vote pour élire un président, pas pour cautionner une thèse. La remarque vaut pour Asselineau, qui décrit pertinemment l’impasse où les nations européennes se sont fourvoyées avec ces institutions ubuesques. Voter pour Dupont-Aignan équivaudrait à soustraire une voix à Fillon. Les pronostics sont trop incertains pour que je puisse m’y résoudre.

Dimanche, je voterai donc Fillon sans la moindre hésitation. S’il est élu président, il disposera d’une majorité. Aucun autre candidat ne pourrait y prétendre, y compris Marine Le Pen. Or la France a besoin d’être gouvernée, chose impossible si l’exécutif se discrédite en racolages au coup par coup à la buvette de l’Assemblée. D’ailleurs, Fillon est le seul à ne pas envisager l’enlisement de la démocratie dans les micmacs inhérents aux scrutins à la proportionnelle.

Je voterai Fillon parce qu’une certaine conception du patriotisme a été revendiquée par ceux qui le soutiennent : sens de la mémoire, de la transmission, de la permanence. Tout ce que la gauche incarnée par Macron, Hamon ou Mélenchon accable de son mépris. Je voterai Fillon parce qu’il s’inscrit dans un double héritage, celui de Séguin qui fut son mentor, celui de Retailleau qui est son lieutenant le moins… friable. Un gaulliste admirateur de Napoléon III, un Vendéen raisonnablement catho : les deux font une paire bien française.

Je voterai Fillon parce qu’il a résisté à la meute. Parfois avec maladresse, mais enfin il a tenu le choc, ça présume un homme d’État capable d’affronter les coups de tabac prévisibles dans un monde où les têtes d’affiche s’appellent Trump et Poutine, mais où sévissent aussi Erdogan, Kim Jong-un et Assad, sans compter Dae’ch et autres acteurs de la mouvance islamique. D’autres à la place de Fillon auraient détalé, ou se seraient flingués : pour l’essentiel cette campagne aura été une traque dont il fut le gibier — et les chasseurs soudain épris d’une vertu de dame cathéchiste n’étaient pas tous de gauche.

Je voterai Fillon pour qu’il soit dit que les forces de l’argent, appuyées par l’artillerie lourde des médias et étayées par le snobisme, ne font pas toujours la loi dans ce pays. Ces forces ont choisi Macron au moment où Fillon était considéré comme le favori. De Séguéla à BHL en passant par Minc, Bergé, Lescure, Attali, le parisianisme a élaboré le produit de synthèse qui convenait à son cynisme néobobo. Jamais l’opinion française n’aura été à ce point manipulée, pour ne pas dire matraquée, en vue de la convaincre que Macron allait inaugurer une ère nouvelle. Jamais autant de “com” n’aura habillé si peu de substance. Jamais autant de mots technocratiques, enrobés de sucreries faussement évangéliques (« Je vous aime ! ») n’auront maquillé une telle méconnaissance de l’âme de la France. Et un tel degré zéro de la pensée géopolitique.

Quand Hue, Madelin et Delevoye viennent en renfort de Bayrou, de Valls et de De Rugy pour nous vendre de la macronite, ça ne promet que les arrangements à la Mollet, à la Pflimlin de la fin de la IVe République. À ceci près qu’il n’y a plus personne à Colombey pour nous dépêtrer ; la suite aurait pour théâtre la rue. Ou ces banlieues en état d’incandescence, avec tous ces jeunes mal dans leurs pompes et impatients d’en découdre. Je voterai Fillon pour éviter à la France l’implosion inéluctable s’il n’est pas élu.




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