sábado, 21 de enero de 2017

Pour la grande majorité, le choix est entre "manifester" et "rester chez soi."


Il est stérile d'opposer "les discours politiques sur l'avortement" et les "initiatives pro-vie"




Je découvre ce propos hénaurme d'Erwan le Morhedec dans Famille chrétienne :

"Je vais prendre un exemple, celui de l'IVG. Je préfère 100 fois des initiatives comme celles des Maisons Marthe et Marie ou Magnificat, qui accueillent des mères enceintes en difficulté dans un esprit de service, plutôt qu'une opposition inefficace aux discours politiques sur l'avortement. Cette défense concrète de la vie me semble plus positive et constructive. Contrairement à la situation passée, dans laquelle une mère célibataire pouvait transmettre aux générations suivantes son ressentiment contre des catholiques qui allaient à la messe mais l'avaient abandonné, la femme enceinte pourra dire à ses enfants et petits-enfants que ce sont des catholiques qui lui ont tendu la main. Cet exemple est valable pour d'autres initiatives comme l'association Lazare, Fratello ou encore Aux captifs la libération. Bien sûr, nous ne pouvons pas tous œuvrer ainsi. Mais nous pouvons déjà changer notre propre démarche personnelle, auprès de nos proches et de nos amis par exemple. Au lieu de leur parler de la manière dont ils devraient gérer leur vie, demandons-nous d'abord comment il nous est possible de les aider."

Dialectique connue, à laquelle Le Salon Beige a déjà répondu... 

Cette objection, qui consiste à opposer des actions complémentaires, est très commune, mais est plus souvent un sophisme qu'un argument sincère - elle est pratiquement toujours jetée par des personnes qui ne manifestent pas leur opposition... mais n'aident pas non plus les femmes enceintes en difficulté. Si la question se posait dans les termes : "vous pouvez soit manifester, soit aider les femmes enceintes", on devrait convenir que oui, il vaut mieux aider les femmes enceintes. 

Mais la question ne se pose pas dans ces termes... c'est même l'inverse :

Les personnes qui ont oeuvrent dans une association d'aide ont bien plus de chances de participer à la Marche pour la Vie que les personnes qui n'y oeuvrent pas. Et une personne qui participe à la manifestation a plus de chances, de fil en aiguille et si elle y est appelée, de s'engager dans une association d'aide qu'une personne qui n'y participerait pas.
Mais tout le monde n'est pas appelé à s'engager dans une association d'aide. Pour la grande majorité, le choix n'est pas entre "manifester" et "aider les femmes enceintes", mais entre "manifester" et "rester chez soi." Non que ces manifestants soient oisifs par ailleurs : beaucoup ont des engagements associatifs légitimes et nécessaires (scoutisme, écoles hors contrat etc.), qu'ils ne doivent pas abandonner au profit d'un militantisme pro-vie exclusif. Mais tous peuvent consacrer une demi-journée par an à la cause pro-vie, et ont raison de le faire.

Hier, lors de la journée parlementaire pour la vie, où s'est exprimée une "opposition inefficace aux discours politiques...", il y avait des personnes qui oeuvrent concrètement et quotidiennement pour la vie. Et qui sont aujourd'hui menacées par le délit d'entrave.

Manifester son opposition dynamise tout le mouvement pro-vie. 

La grande force du mouvement pro-vie américain est la densité de son tissu associatif : pas une ville moyenne américaine qui n'ait, par exemple, son centre d'aide aux femmes enceintes en difficulté. 

Il serait intéressant (mais illusoire !) de chercher à dénombrer combien de ces initiatives sont nées dans les cars qui emmenaient des sympathisants de leur petite ville à leur capitale d'Etat ou à Washington pour manifester.

Le même effet peut raisonnablement être attendu de la Marche pour la Vie : dans le car qui emmène à Paris les sympathisants d'une ville de province, qui souvent ne se connaissaient pas entre eux, les contacts se nouent, les projets naissent. Et chacun, parisien ou provincial, revient de la Marche "regonflé à bloc".


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