lunes, 4 de enero de 2016

Depuis cinquante ans, une génération de catholique a été privée de formation religieuse solide


Cardinal Burke : « La famille est le défi le plus important de notre temps »

par Julien Serey


Né le 30 juin 1948 aux États-Unis, ordonné prêtre en 1975 par Paul VI, Raymond Leo Burke est nommé évêque par Jean-Paul II en 1994 et créé cardinal en 2010 par Benoît XVI. En 2014, le pape François l’a nommé Patronus de l’Ordre de Malte. Dans son dernier livre, une discussion à bâtons rompus avec Guillaume d’Alançon, il livre ses idées sur les grandes questions d’aujourd’hui…

Eminence, quel rôle doit jouer la famille pour transmettre la foi ?

Dans la tradition catholique, la famille est l’Église domestique, c’est-à-dire qu’elle est le premier lieu de la transmission de la foi. La famille est donc le défi le plus important de notre temps car, depuis cinquante ans, en partie à cause d’une catéchèse défaillante, une génération de catholique a été privée de formation religieuse solide. Aujourd’hui, beaucoup de parents ne peuvent pas faire le catéchisme à leurs enfants parce qu’eux-mêmes ne connaissent pas suffisamment leur foi. C’est le défi de l’Église aujourd’hui : elle doit aider ces parents à transmettre la foi, sans se substituer à eux, en proposant aux enfants un catéchisme complet, non édulcoré.

Concrètement, quelles sont les actions à suivre pour remplir son devoir de parent chrétien ?

Il n’y a pas de méthode ! J’insiste cependant sur l’importance de la prière en famille, sur la récitation du chapelet, les bénédicités avant les repas. A notre époque, où chacun vaque à ses occupations, même dans les familles, les repas peuvent donc être des temps privilégiés de partage spontané que les catholiques peuvent mettre à profit pour approfondir leur foi. Ainsi, les conversations spirituelles deviendront-elles banales en quelque sorte.

Pour la première fois un couple a été canonisé le 18 octobre dernier : Louis et Zélie Martin…

Les Martin offre un exemple extraordinaire de coopération avec Dieu, de participation au mystère de l’amour de Dieu. Ils ont surmontés les épreuves de la vie en se livrant intégralement à la Providence divine. Chez les Martin, l’expression de la foi ne se concevait que dans l’amour. Un amour qui irriguait leur foyer et rayonnait sur leur environnement. Quelle leçon !

Dans votre livre, vous appelez, comme le Saint-Père, les chrétiens à davantage s’investir dans la vie de la cité…

Il y a aujourd’hui beaucoup de corruption dans les activités humaines et particulièrement dans la vie politique. Mais nous ne devons pas avoir peur et céder à la tentation de l’isolement, de l’entre-soi. Nous, chrétiens, sommes appelés à témoigner partout du Christ, particulièrement dans les endroits où Il semble le plus absent.

Mais pouvons-nous y devenir Saint ?

Saint Louis est l’exemple parfait du chrétien engagé dans la cité. Sa vie était intensément spirituelle, ce qui ne l’empêchait pas de remplir son devoir de gouvernement. Au contraire, sa foi fortifiait son action politique.

Le récent Synode sur la famille a-t-il permis de redécouvrir l’universalité de l’Eglise ?

Je le pense. Pendant la session du Synode de l’année dernière, les évêques et les pères synodaux d’Afrique et d’Europe de l’Est ont fait beaucoup pour corriger un programme écrit pour les européens de l’Ouest.

Entretien avec le cardinal Burke, de Guillaume d’Alançon, éditions Artège, 183 p., 17,50 euros.

Source: www.politiquemagazine.fr

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