Par Marie-Laetitia Bonavita
Source: lesalonbeige.blogs.com
Rémi Brague est interrogé par Le Figaro sur les terroristes et l'islam.
Extraits :
"Les djihadistes qui ont mené les attentats de janvier et du 13 novembre en appellent à Allah. Ont-ils quelque chose à voir avec l’Islam ?
"Les djihadistes qui ont mené les attentats de janvier et du 13 novembre en appellent à Allah. Ont-ils quelque chose à voir avec l’Islam ?
De quel droit mettrais-je en doute la sincérité de leur islam, ni même le reproche qu’ils adressent aux « modérés » d’être tièdes. Rien à voir avec l’islam ? Si cela veut dire que les djihadistes ne forment qu’une minorité parmi les musulmans, c’est clair. Dans quelle mesure ont-ils la sympathie, ou du moins la compréhension, des autres ? J’aimerais avoir là-dessus des statistiques précises, au lieu qu’on me serine « écrasante majorité » sans me donner des chiffres.
Les djihadistes invoquent eux-mêmes Mahomet, le « bel exemple » (Coran, XXXIII, 21). Ils expliquent qu’avec des moyens plus rudimentaires qu’aujourd’hui, il a fait la même chose qu’eux : faire assassiner ses adversaires, faire torturer le trésorier d’une tribu vaincue pour lui faire cracher où est le magot, etc. Ils vont chercher dans sa biographie l’histoire d’un jeune guerrier, Umayr Ben al-Humam, qui se jette sur des ennemis supérieurs en nombre pour entrer au paradis promis. Il n’avait pas de ceinture d’explosifs, mais son attitude ressemble fort à celle des kamikazes d’aujourd’hui.
Les imbéciles objectent souvent : « Oui, mais Hitler était chrétien. » Ce à quoi il faut dire que : 1) non seulement il avait abandonné la foi dans laquelle il avait été baptisé, mais il haïssait le christianisme. Les Églises, catholique et protestantes, étaient sur son cahier des charges et devaient, après la victoire, subir le même sort que les Juifs ; 2) à ma connaissance, Hitler n’a jamais été donné en exemple aux chrétiens.
Le but des terroristes semble être de déclencher en Europe une guerre civile entre les communautés musulmanes et le reste de la population. Comment éviter que la communauté musulmane soit identifiée au terrorisme ?
Effectivement, il est prudent de dire ce que ce but semble être. Nous le devinons à partir de cas précédents comme les Brigades rouges italiennes : créer des conditions dans lesquelles la répression atteindra, même sans les viser, l’ensemble des musulmans, afin de créer chez eux un réflexe de solidarité avec les terroristes. Je ne sais d’ailleurs pas si cela a jamais marché…
Il y a là-derrière un problème de logique : tous les musulmans ne sont pas islamistes, mais tous les islamistes sont musulmans. Donc être musulman est une condition nécessaire pour être islamiste, mais elle n’est pas suffisante. Pour tout musulman, être islamiste est une possibilité mais, heureusement, ce n’est pas une nécessité. Il est stupide de prêter a priori de noirs desseins à tous les musulmans. On a donc raison de ne pas les mettre tous dans le même panier. Les gens qui peignent des slogans hostiles sur les mosquées sont des crétins malfaisants qui font le jeu des islamistes de la façon que je viens de dire.
Il serait bon que l’effort pour éviter le fameux « amalgame » soit clair des deux côtés. Et que les musulmans trouvent un moyen de faire comprendre haut et fort, par la parole comme par le comportement, qu’ils désapprouvent le terrorisme. Le problème est que personne n’a autorité pour les représenter. Nous aimons mieux les « modérés ». Mais les intellectuels médiatiques qui parlent en leur nom représentent-ils d’autres qu’eux-mêmes ? [...]
Les djihadistes invoquent eux-mêmes Mahomet, le « bel exemple » (Coran, XXXIII, 21). Ils expliquent qu’avec des moyens plus rudimentaires qu’aujourd’hui, il a fait la même chose qu’eux : faire assassiner ses adversaires, faire torturer le trésorier d’une tribu vaincue pour lui faire cracher où est le magot, etc. Ils vont chercher dans sa biographie l’histoire d’un jeune guerrier, Umayr Ben al-Humam, qui se jette sur des ennemis supérieurs en nombre pour entrer au paradis promis. Il n’avait pas de ceinture d’explosifs, mais son attitude ressemble fort à celle des kamikazes d’aujourd’hui.
Les imbéciles objectent souvent : « Oui, mais Hitler était chrétien. » Ce à quoi il faut dire que : 1) non seulement il avait abandonné la foi dans laquelle il avait été baptisé, mais il haïssait le christianisme. Les Églises, catholique et protestantes, étaient sur son cahier des charges et devaient, après la victoire, subir le même sort que les Juifs ; 2) à ma connaissance, Hitler n’a jamais été donné en exemple aux chrétiens.
Le but des terroristes semble être de déclencher en Europe une guerre civile entre les communautés musulmanes et le reste de la population. Comment éviter que la communauté musulmane soit identifiée au terrorisme ?
Effectivement, il est prudent de dire ce que ce but semble être. Nous le devinons à partir de cas précédents comme les Brigades rouges italiennes : créer des conditions dans lesquelles la répression atteindra, même sans les viser, l’ensemble des musulmans, afin de créer chez eux un réflexe de solidarité avec les terroristes. Je ne sais d’ailleurs pas si cela a jamais marché…
Il y a là-derrière un problème de logique : tous les musulmans ne sont pas islamistes, mais tous les islamistes sont musulmans. Donc être musulman est une condition nécessaire pour être islamiste, mais elle n’est pas suffisante. Pour tout musulman, être islamiste est une possibilité mais, heureusement, ce n’est pas une nécessité. Il est stupide de prêter a priori de noirs desseins à tous les musulmans. On a donc raison de ne pas les mettre tous dans le même panier. Les gens qui peignent des slogans hostiles sur les mosquées sont des crétins malfaisants qui font le jeu des islamistes de la façon que je viens de dire.
Il serait bon que l’effort pour éviter le fameux « amalgame » soit clair des deux côtés. Et que les musulmans trouvent un moyen de faire comprendre haut et fort, par la parole comme par le comportement, qu’ils désapprouvent le terrorisme. Le problème est que personne n’a autorité pour les représenter. Nous aimons mieux les « modérés ». Mais les intellectuels médiatiques qui parlent en leur nom représentent-ils d’autres qu’eux-mêmes ? [...]
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