sábado, 14 de noviembre de 2015

C’est avec beaucoup de peine que certains théologiens notent que tous les Prélats qui défendent l’enseignement traditionnel de l’Eglise sont présentés comme « opposés » au Pape.


Un prêtre africain répond au père Spadaro


Source: lesalonbeige.blogs.com


L'abbé Edouard Adé, docteur en théologie et sociologie et secrétaire général de l'Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest,réagit à un récent article du père Spadaro, Directeur de la revue italienne. Civiltà Cattolica.

Extraits :

"A la fin de la XIVème assemblée ordinaire du Synode des Evêques consacrée à la vocation et à la mission de la famille, un haut Prélat de la Curie Romaine a déclaré à la presse que les positions traditionnelles ont été tenues surtout par des Pères Synodaux qui étaient plus dans les bureaux que sur le terrain pastoral. Avec tout le respect que mérite ce dignitaire de l’Eglise, une telle affirmation de sa part n’a manqué de surprendre plus d’un, surtout ici en Afrique, où les Evêques ont peine à s’asseoir dans leurs bureaux pour les tâches administratives parce que dévorés par le zèle pastoral qui les porte au devant des fidèles et des populations dans des contrées les plus reculées d’Afrique. Et – paradoxe – ce sont ces évêques qui sont le plus sur le terrain pastoral qui ont défendu la doctrine traditionnelle de l’Eglise sur le mariage et la famille. En marge de la IIIème assemblée extraordinaire, un autre Prélat avait dit de ces Africains qu’ils étaient dans les questions de « tabous » et qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe en Europe. Peut-être bien ! Dans l’article très détaillé du Père Antonio Spadaro, sj, « Vocazione e missione della famiglia. Il XIV Sinodo ordinario dei Vescovi » (Civ. Catt., Quaderno n° 3970 duel 28/11/2015, IV 311-414), de nouveaux éléments apparaissent qui pourraient mieux aider à comprendre le paradoxe. Les contraintes académiques de la rentrée et les urgences pastorales auxquelles la plupart des théologiens africains n’ont pas le loisir de se soustraire, ne nous donnent pas la possibilité de reprendre vraiment point par point cet article de grande importance pour l’intelligence de ce qui a été vécu au Synode puisqu’il émane d’un témoin qui a manifesté à plusieurs reprises sa connaissance de ce qui se passe dans l’Eglise qui préside à la charité. Nous essayerons cependant de faire quelques observations sur l’ensemble du texte. [...]

Les « vives discussions » qu’il y avait eu dans l’Eglise primitive et que l’auteur rappelle en finissant par « l’opposition » « face à face » (Gal 2,11) entre Paul et Pierre n’ont jamais été l’expression que ces apôtres n’étaient pas en communion ou que Paul ne reconnaissait pas la primauté de Pierre. Aujourd’hui, c’est avec beaucoup de peine que certains théologiens notent que tous les Prélats qui défendent l’enseignement traditionnel de l’Eglise sont présentés comme « opposés » au Pape. Les médias parlent « d’ennemis du Pape » - heureusement que ce ne sont que les médias – tandis que les théologiens leur brandissent le « sub Petro » comme un épouvantail au moment où le Pape lui-même exprime avec beaucoup d’humilité sa primauté. Ces journalistes et théologiens doivent savoir que les Prélats africains qui défendent la doctrine traditionnelle de l’Eglise ont toujours été très soumis à tous les Papes qu’ils ont connus. C’est précisément à cause de cette soumission et de cette communion profonde qu’ils leur manifestent leurs préoccupations, dans les formes les plus respectueuses que possible. La culture africaine les a formés à ce sens aigu de respect dans la vérité. Si ces prélats devaient mettre en doute aujourd’hui des affirmations aussi claires et aussi graves que celles prononcées par le Saint Pape Jean-Paul II devant la Rote Romaine le 21 janvier 2000, il serait difficile de comprendre le sens à donner à la vérité de leur participation d’alors à la « sollicitude pastorale » « pour ce qui est du magistère et du gouvernement » de l’Eglise universelle (cf. CD 3). « La communion dans le respect et l’obéissance » promise lors des ordinations est donnée de façon indivisible à la succession apostolique. Nous ne sommes pas en politique pour qu’on joue un parti contre un autre. Nous ne sommes pas non plus dans des joutes académiques où l’on a tout le loisir de jouer les écoles théologiques et pastorales les unes contre les autres. Il s’agit de la continuité du magistère de l’Eglise. Il s’agit du corps organique de la doctrine chrétienne qui ne saurait se contredire elle-même. [...]

Le navigateur satellitaire (GPS). Le Père Spadaro avait déjà utilisé cette image dans l’entretien qu’il a eu avec le Cardinal Schönborn (publié par sa revue) dans la phase préparatoire du Synode. L’idée est que quand un voyageur perd sa route, le GPS ne le renvoie pas au point de départ mais lui retrace un autre itinéraire. Mais quel est le but de cet autre itinéraire ? Un but autre que celui que s’est fixé le voyageur ? Certainement pas. De l’image, passons donc à la réalité. Cette image a été appliquée à la situation des baptisés divorcés remariés civilement. Dans le cas de ces frères et sœurs, quel serait le but ? quel serait l’itinéraire ? Le but n’est évidemment pas la communion sacramentelle autrement celui-ci aurait été atteint dans le mariage valide qui a échoué, pas plus la pleine communion ecclésiale. Manifestement, le but est le salut de l’âme. Qui donne ce salut ? Jésus-Christ, évidemment. Quel est le chemin pour parvenir à ce salut ? C’est encore Jésus-Christ. Si c’est Jésus-Christ, le Chemin, peut-il proposer un itinéraire qui ne soit pas conforme à la vérité ? Il est la Vérité. A un mariage valide on ne peut légitimement superposer un autre lien qui soit aussi valide. Or faire communier dans ce cas, c’est faire communier dans le mensonge. Et nos consciences tout « sanctuaires » qu’ils soient ne peuvent rien changer à cette vérité objective. Or le mensonge ne peut venir de Dieu. L’Ecriture nous dit qui est le Père du mensonge, et tout fils de St Ignace le sait bien. En nous consacrant dans la Vérité qu’Il est, le Christ nous communique la vie en plénitude, car Il est la Vie. C’est dans l’accueil de la vérité de leur situation que nos frères et sœurs divorcés remariés civilement ont la vie en Jésus-Christ. C’est vrai, le Seigneur a dit : Si vous ne mangez la chair du fils de l'homme et ne buvez son sang, vous n'avez pas la vie en vous-mêmes » (Jn 6,53). Mais ce n’est pas en y accédant en situation de mensonge, que nous l’aurons. Le discernement des situations auxquelles faisaient référence St Jean-Paul II, sur la base du rappel clair de la vérité de l’Evangile (FC 84) n’autorise pas la communion dans le mensonge. Il nous fait nous en remettre à Dieu qui est plus grand que notre cœur et qui seul sait de quelles manières il nous sauve. Ce n’est pas nous qui produisons les « multiples dimensions » du salut des âmes.

On ne peut donc qu’être surpris de lire le Père Spadaro écrire : « Comment est-ce possible être vraiment en communion ecclésiale sans arriver, tôt ou tard, à la communion sacramentelle ? » et répondre immédiatement que le Synode a « effectivement posé les bases » de l’accès aux sacrements des divorcés remariés civilement, « en ouvrant une porte qui au contraire dans le Synode précédent était restée fermée ». L’étonnement face à cette affirmation se trouve renforcé par le fait que le Père Spadaro indique dans le même paragraphe la disparition de laRelatio Synodi de la « ‘communion spirituelle’ comme voie alternative », mais n’en tire pas la même conséquence que celle qu’il venait de tirer au sujet de l’accès des divorcés remariés civilement aux sacrements, qui n’a pas non plus été mentionné dans le document. Ce mode particulier de lecture d’un document aussi sensible que celui-là, après ce qui a été vécu depuis l’assemblée extraordinaire, et qui a été le fruit, comme notre auteur le reconnaît, d’une « écriture ensemble », a de quoi laisser plus d’un perplexes ! [...]"


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