martes, 23 de junio de 2015

Ce que l’on sait vraiment des effets de la pollution de l’air


Entre fantasmes et réalité sur le nombre de morts occasionnées 


par Stéphane Gayet

Si la communauté scientifique s'est largement intéressée aux effets de la pollution atmosphérique sur la santé, les lieux communs en la matière subsistent. Elle provoquerait des maladies de peau, aurait un impact sur la qualité des spermatozoïdes ou encore le développement d'allergies... Voici quelques réponses pour démêler le vrai du faux.


Atlantico : Que nous enseigne la littérature scientifique sur les risques réels de la pollution atmosphérique en France ? Sur lesquels de ces risques sommes-nous certains de l'effet réel de la pollution atmosphérique ?

Stéphane Gayet : Le phénomène appelé communément pollution atmosphérique est la présence, au sein de l'air, d'un mélange de gaz nocifs et de particules délétères qui sont essentiellement émis par les véhicules, les industries et le chauffage domestique, ou bien qui résultent de réactions chimiques comme par exemple l'ozone, un gaz (O3). Il faut leur ajouter les pesticides, dioxines.

Les gaz polluants sont nombreux, parmi lesquels les oxydes de carbone (CO2, CO), les oxydes d'azote (dont NO2) et les oxydes de soufre (dont SO2). On désigne par le terme particules un ensemble d'éléments microscopiques, ayant un diamètre de l'ordre du micromètre (micron, millième de millimètre), solides ou liquides, et qui restent en suspension dans l’air. Elles sont désignées en anglais par l'expression particulate matter (PM, matières particulaires). On distingue trois tailles de PM : les PM1, particules ultrafines dont le diamètre moyen est inférieur ou égal au micron ; les PM2,5, appelées particules fines, dont le diamètre moyen est inférieur ou égal à 2,5 microns (elles sont essentiellement produites par les phénomènes de combustion) ; les PM10, dont le diamètre moyen est inférieur ou égal à 10 microns. La durée de persistance dans l'air de ces particules varie de quelques jours, pour les PM10 et les PM2,5, à quelques semaines pour les PM1. Puis elles retombent au sol, en particulier du fait des précipitations. Les plus légères d’entre elles peuvent être transportées à des milliers de kilomètres. Cette pollution de l’air a des effets néfastes sur la santé humaine, cela même à des concentrations assez faibles. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) affirme que la pollution de l’air constitue un risque environnemental de premier plan pour la santé et estime qu'elle est en cause dans deux millions de décès prématurés par an dans le Monde. On dispose aujourd'hui de suffisamment de travaux scientifiques pour affirmer cela. Voici quelques études sérieuses qui montrent une corrélation entre la pollution et des maladies.

Effet réel sur le développement des cancers
L'étude française PAARC publiée en 2005 a montré que l'exposition au dioxyde d'azote (NO2) augmentait la mortalité par cancer bronchique. Laden et collaborateurs ont montré, à travers une étude publiée en 2006 dans la revue américaine de soins intensifs pulmonaires, que l'exposition aux fines particules aériennes entrainait une incidence accrue du cancer du poumon.

Effet réel sur le développement d'allergies
En 2002 ont été publiés dans la revue The Lancet les résultats d'une étude menée en Californie sur le rôle de l'ozone (O3) dans l'apparition de l'asthme : le risque d'asthme est très nettement accru chez les sportifs ayant une forte exposition à ce gaz polluant.
Une autre étude publiée en 2003 dans la revue JAMA a établi que l'exposition à l'ozone (O3) avait un effet aggravant sur la maladie asthmatique d'enfants âgés de moins de 12 ans.

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