miércoles, 20 de mayo de 2015

Ukraine: certains facteurs peuvent laisser présager une offensive militaire durant l’été


Poutine serait-il en train de nous préparer un mauvais coup militaire pour l’été ?


par Cyrille Bret *  


Des troupes, des blindés et de l'artillerie qui s'accumulent à la frontière ukrainienne. Malgré les accords de cessez-le-feu, beaucoup d'indices laissent à penser que Poutine place ses pions avant une opération militaire de grande envergure.

Cyrille Bret : Les analystes en désarmements de l’OSCE et les experts militaires de l’OTAN sont dans leurs rôles respectifs lorsqu’ils décrivent les risques qui semblent peser sur la ligne de démarcation et donc sur le respect des accords de Minsk II, du fait du déploiement de ces équipements à proximité de la ligne de front.

L’OSCE a en effet pour vocation générale de mettre à la disposition des gouvernements qui le constituent, depuis l’accord d’Helsinki de 1975, des informations vérifiées sur l’état des armements, équipements et effectifs militaires dans la zone. En soulignant les concentrations d’équipements, les mouvements de troupe et les difficultés de ses propres drones d’observation de la zone, l’OSCE remplit sa fonction d’alerte précoce soulignée et réaffirmée par les accordes de Minsk II. Mais cette organisation sait bien que la massification d’un dispositif militaire ne suffit pas pour rendre l’opération militaire elle-même nécessaire.

Le positionnement de l’OTAN est, lui, plus orienté : l’objectif de l’Alliance est de faire pièce, en l’occurrence, à tout renforcement de la position de la Russie sur le terrain. Or, les troupes ukrainiennes ont enregistré, depuis la chute du chainon stratégique de Debalstevo, de nombreuses reculades. L’OTAN pourrait fort être tentée de crier au loup pour rassembler les Occidentaux dans un soutien plus appuyé aux autorités ukrainiennes. Et donc pour ranimer la flamme contre la Russie.

Des concentrations de troupes manifestes et des accumulations d’équipements aussi visibles peuvent s’interpréter de deux façons. Soit, on suit l’OTAN (et Emmanuel Kant) et on réalise une inférence simple : plus de troupes préparent plus de conflictualité. L’offensive est donc proche. Soit on adopte une lecture plus stratégique et on soutient (avec Sun Tzu et Clausewitz) que la démonstration de force et la parade militaire peuvent être utilisées précisément pour éviter d’engager une offensive en décourageant l’adversaire. Le message pourrait tout à fait être, de la part de la Fédération de Russie et des séparatistes : ne profitez pas de l’été pour lancer une nouvelle opération « anti-terroriste » semblable à celle qui avait été engagée par le président Porochenko dans la foulée de son élection en mai 2013. L’accumulation d’équipements peut éviter le conflit comme elle peut le hâter. Tout dépend de l’appréciation politique des autorités russes.
En quoi peut-on craindre que Poutine prépare un coup militaire pour l’été ?

Outre les indices purement militaires, certains facteurs peuvent laisser présager une offensive militaire durant l’été. Pour une Fédération de Russie qui, en 2015, connaîtra l’année la plus dure des sanctions, le calcul peut être simple : quitte à subir des sanctions financières et à acquitter un coût diplomatique important, autant empocher les gains militaires de terrain les plus importants. Depuis mi-2014, la Fédération de Russie est en effet vainqueur sur le terrain et défaite sur la scène internationale. La tentation peut être forte de faire un calcul coût bénéfice rustique : ne perdons pas sur tous les tableaux. Engrangeons les gains militaires sûrs et payons les sanctions certaines comme le prix correspondant. Ne pas attaquer serait payer le prix sans aucun bénéfice autre.

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 * ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure, de Sciences-Po Paris et de l'ENA, et anciennement auditeur à l'institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) est haut fonctionnaire et universitaire. Après avoir enseigné notamment à l'ENS, à l'université de New York, à l'université de Moscou et à Polytechnique, il enseigne actuellement à Sciences-Po. Il est le créateur avec Florent Parmentier du blog Eurasia Prospective.

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