martes, 28 de abril de 2015

Une troisième guerre mondiale d’ores et déjà déclarée entre islamo-fascisme et civilisation judéo-chrétienne ?


Pour y voir clair derrière la polémique et les outrances


par François-Bernard Huyghe et Alain Rodier


Au-delà du caractère théâtral de la déclaration de Christian Estrosi, qui revient selon de nombreux observateurs à faire le jeu des islamistes, il convient de désigner clairement la menace, afin de mener une politique de lutte efficace contre la spirale terroriste.

Le député-maire UMP de Nice, Christian Estrosi, a affirmé sur France 3 qu'une "troisième guerre mondiale" était déclarée par "l'islamo-fascisme" à "la civilisation judéo-chrétienne". Selon lui, la France fait face à des "cinquièmes colonnes" islamistes.

Des arguments radicaux qui éclipsent la réalité, bien éloignée des conflits mondiaux ayant mobilisé les principales nations du monde. L'argument fait en outre le jeu des djihadistes qui fondent leur argumentaire sur le fait que les Occidentaux mènent une guerre offensive contre les musulmans du monde entier.

Au-delà de l'outrance, il convient toutefois de désigner clairement la menace afin de mener une politique de lutte qui soit adaptée à la réalité.


Atlantico : Quelle résonance les propos de Christian Estrosi ont-ils dans l'opinion ?

François-Bernard Huyghe : Je pense qu'ils auront peu d'impact dans la mesure où Christian Estrosi est dans une stratégie de rhétorique électorale où il espère dépasser Marion Maréchal Le Pen qui, du coup, va presque paraître modérée. La population reste beaucoup plus calme.

Sur le fond, ce sont des termes qui font plutôt sourire. Il y a trois notions mélangées qui n'ont aucun sens. La première, c'est la "cinquième colonne" islamiste. Historiquement la cinquième colonne est une expression utilisée pendant la guerre d'Espagne pour désigner de supposés espions de Franco qui auraient saboté les rangs républicains en travaillant avec quatre colonnes militaires classiques. L'expression "cinquième colonne" est devenue un synonyme d'agent secret, de saboteur. Or, les islamistes, Merah, Kouachi, Coulibaly et autres étaient des gens peu organisés, spontanés, en petits groupes autonomes et certainement pas les agents d'un service secret. Cela n'a donc pas beaucoup de sens.

Deuxième élément. L'islamo-fascisme n'a pas plus de sens. L'islamisme veut instaurer sur terre la loi de Dieu. Le fascisme cherche à instaurer la volonté d'un peuple et de son chef sur un territoire et son empire. Le fascisme est forcément laïc même s'il peut passer des compromis avec telle ou telle Eglise.

La troisième expression qui n'a pas beaucoup de sens, c'est la "troisième guerre mondiale". Les attentats en France, pardon pour le cynisme, prouvent un risque d'attentat islamique relativement faible en termes de victimes. L'impact militaire est relativement limité. Ce terrorisme tue moins que celui d'extrême-gauche par exemple il y a quelques années. On est confronté à un terrorisme interne. Par ailleurs, il y a en Syrie et en Irak une guerre civile ou insurrectionnelle avec l'EI aux mains d'un vrai territoire.

L'expression de troisième guerre mondiale rappelle celle des néo-conservateurs après le 11 septembre, en parlant de la quatrième guerre mondiale. Il y a une guerre de différence pour le coup, dans la mesure où les néo-conservateurs comptaient aussi la guerre froide. Ce genre de terme n'a aucun sens, il répond simplement à une tentative de dramatisation. Ce n'est pas une guerre et elle n'est pas mondiale.

Alain Rodier : M. Estrosi se place dans le combat politique qui, logiquement si l'on en croit les sondages, doit l'opposer à la fin de l'année au FN. Il faut donc comprendre ses propos comme une surenchère destinée à répondre aux peurs qui sont présentes au sein de l'électorat local. Cela dit l'expression "islamo-fasciste" n'est pas de lui mais du Premier ministre. Historiquement, la "cinquième colonne" qu'il évoque provient de la Guerre d'Espagne. Il n'a pas complètement tort dans ce domaine dans la mesure où les terroristes qui sont passés à l'action ces derniers temps étaient Français ou résidents en France et pas des commandos importés de l'extérieur, si l'on excepte le cas de Mehdi Nemmouche, qui était de retour du front syrien.

..............................

Lire la suite: www.atlantico.fr


No hay comentarios:

Publicar un comentario