miércoles, 29 de abril de 2015

Action publique de promotion de l’IVG: objectifs quantifiés par établissement.


Désolé je ne peux pas vous accoucher,
je n’ai pas fait assez d’IVG !
par Marc Dubief 


Le gouvernement socialiste veut faire de l’interruption volontaire de grossesse un droit fondamental. C’est le sens des articles du projet de loi « santé » relatifs à l’IVG. On peut être pour ou contre l’IVG, qui reste quoiqu’il en soit, une forme d’échec et de souffrance, or il sera demain plus simple d’avorter que de souscrire à crédit. La loi santé introduit un changement de paradigme majeur qui a des implications politiques.

L’amendement 2175, adopté, doit être regardé avec soin. En effet, ses rédacteurs, laissent entendre que l’offre étant insuffisante la demande pourrait diminuer « le nombre d’établissements de santé réalisant des IVG s’est réduit ces dernières années et n’a pas été totalement compensé par l’augmentation de l’offre de ville ». La « politique de l’offre » ! Comme on aimerait qu’ils l’appliquent en économie, nos amis socialistes…

Cet amendement s’appui sur l’expérience « FRIDA » de l’agence régionale de santé d’Ile de France (ARS). Avec ce plan d’actions on entre dans une autre dimension, la question n’est plus seulement morale.

Une inquiétante baisse des IVG en Ile de France…

D’abord les rédacteurs s’émeuvent, de la baisse « régulière » du recours à l’IVG « depuis plusieurs années ». De fait on est passé d’un taux de recours de 18,7 ‰ en 2008 à 18,1 ‰ en 2011. Ainsi, malgré une politique volontariste les avortements en nombre stagnent : en 2011 on est revenu à 54000 avortements, soit le nombre d’avortements recensé en 1999. Face à cette chute vertigineuse, prenant en compte la volonté politique de Najat Vallaud-Belckacem alors ministre du droit des femmes, en avril 2014, l’ARS décide d’agir.

Vers un produit de grande consommation…

Certains axes du plan d’action méritent d’être relevés et deux plus particulièrement tant ils font penser à une démarche publicitaire.

« Positionner l’IVG en tant qu’activité médicale à part entière dans le système de soins, en tenant compte des spécificités requises pour son organisation » ; « Maintenir et promouvoir une offre diversifiée au sein de chaque territoire et, au mieux, au sein de chaque établissement » ; il faut repérer et prendre en compte « les besoins et attentes des femmes ».

Il y a là une approche « produit », des marketeurs ne se seraient pas exprimés autrement ! Il faut aussi relever la volonté d’instituer l’IVG comme une pratique médicale banale, une mesure de « santé ». C’est nier la réalité de la douleur physique et morale de l’acte abortif, il faut soigner l’emballage et cacher l’aspect moins « sympa » de l’affaire.

Et à dire vrai, si le document promeut l’information des femmes, c’est uniquement au bénéfice de l’IVG : « Le domaine de l’IVG souffre d’interventions de communication de la part de ses détracteurs qui viennent totalement brouiller le message à l’attention des femmes ». Informer de manière contradictoire, démocratique finalement, c’est « totalement brouiller le message ». C’est dit.
Désolé je ne peux vous accoucher, je n’ai pas fait assez d’IVG !

Alors pour redresser la barre l’ARS d’Ile de France prévoit des mesures coercitives, elle va « contractualiser avec les ES publics et privés sur l’activité IVG, notamment ceux qui présentent un niveau d’activité jugé insuffisant au regard de leur activité d’obstétrique […] A l’occasion de la campagne de contractualisation, une liste, arrêtée par le siège de l’ARS, précisera les établissements dont l’activité IVG est jugée insuffisante au regard de leur activité totale en obstétrique (activité IVG inférieure ou égale à 20% du total IVG + accouchements) ».

Il ya donc ici les germes d’une vaste action publique de promotion de l’IVG mais surtout et c’est là où cela devient un problème éthique, des objectifs quantifiés par établissement. En effet un établissement aura un objectif de 20% d’IVG sur le total des actes obstétriques (accouchements et IVG). Un tel objectif est une entrave à la liberté de choisir, déjà entamée avec la suppression du délai de réflexion. Arrivera-t-on à une situation du type « désolé je ne peux vous accoucher, je n’ai pas fait assez d’IVG » ? La question peut légitimement être posée.

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