miércoles, 25 de marzo de 2015

Nous avons besoin de démocratiser la vie politique en Russie ...


La perestroïka, trente ans après

par Mikhaïl Gorbatchev

"Le monde n’a pas acquis plus de sécurité. Au lieu d’un « ordre mondial », nous avons obtenu une « confusion globale ». Les conflits ont gagné non seulement les pays du « tiers monde », mais également en Europe. Aujourd’hui, un conflit armé est pratiquement au seuil de notre porte."

Il y a trente ans, l’Union soviétique s’engageait sur la voie de changements qui ont radicalement modifié le pays et le monde. L’histoire a accordé à la perestroïka un délai plus que court, moins de sept ans, mais les débats sur le dossier font toujours rage. Voir clair dans ce qui s’est passé et savoir pourquoi, comprendre la perestroïka, reste toujours important et indispensable.

La perestroïka a relevé un défi historique auquel le pays faisait face dans les dernières décennies du 20e siècle. Au milieu des années 1980, le pays traversait une lourde période de son développement.

Le système administratif de gestion paralysait l’initiative des habitants, enfilait une camisole de force à l’économie et punissait sévèrement tous ceux qui avançaient la moindre initiative.

Finalement, au début des années 1980, la productivité du travail en URSS était deux fois moins élevée que dans les grandes puissances économiques pour l’industrie, et quatre fois moindre pour l’agriculture. L’économie, fortement militarisée, peinait à supporter le fardeau de la course aux armements.

Nous avons entamé les changements non pas au nom des honneurs ou de la gloire. Nous comprenions que le peuple méritait une vie meilleure et plus de liberté.

Dans le même temps, nous considérions la perestroïka comme partie intégrante d’un processus international, dans un monde cohérent et interdépendant.

Le grand instrument de la perestroïka a été la glasnost, soit la liberté de parole. La population a eu le droit de parler ouvertement de ses soucis, d’exprimer son opinion sans craindre la censure ou la répression. Toutefois, la glasnost, c’était aussi des activités transparentes de l’Etat, la nécessité pour la direction d’expliquer ses décisions et de prendre en compte le point de vue des habitants.

La glasnost a mis en mouvement la société et a ouvert les yeux à la direction du pays. Nous avons compris que les habitants voulaient avancer rapidement en avant. A une conférence du parti en 1988, il a été décidé d’organiser des élections au sein des structures supérieures du pouvoir sur la base d’une liste de candidats, ce qui a constitué une démarche importante dans le sens de la démocratie.

Au début, les changements étaient prônés par tous, sans exception. Mais il s’est avéré par la suite que la politique de changements décisifs et d’évolution n’arrangeait pas tout le monde, tant parmi la population que parmi la direction et les « élites ».

D’un côté, il y avait les forces radicales qui faisaient alliance avec les séparatistes et qui, sentant l’impatience des gens, surtout de l’intelligentsia, exigeaient « de détruire tout jusqu’aux bases mêmes ». Elles formulaient des promesses irresponsables et chimériques en affirmant que dans un an ou deux, ce serait le paradis sur Terre.

De l’autre côté, il y avait les conservateurs, enlisés dans le passé, redoutant les changements réels, ne faisant pas confiance au libre choix de la population et ne voulant surtout pas se retrouver privés de leurs privilèges. Ce sont eux qui, ayant perdu dans une lutte politique ouverte, ont organisé en 1991 un putsch, en affaiblissant mes positions en tant que président du pays et en ouvrant la voie aux forces radicales qui, quelques mois plus tard, ont démembré l’Union soviétique.

En ce qui me concerne, j’ai lutté pour la préservation de l’Etat par des moyens politiques. Politiques, je tiens à le souligner. J’estimais inacceptable d’avoir recours à la force pour éviter de placer le pays au bord de la guerre civile.

Le président de Russie Boris Eltsine, qui a joué un rôle positif dans la victoire sur le putsch, a occupé une position de dualité. Une réunion a été préparée et tenue en secret à Belovej (Biélorussie) : les leaders de Russie, de Biélorussie et d’Ukraine y ont annoncé la dissolution de l’Union soviétique.

Pour ma part, j’étais d’accord pour assurer une décentralisation économique maximale et pour octroyer les pouvoirs les plus larges aux républiques. Mais c’est une tout autre décision qui a été approuvée sous les applaudissements du parlement russe, une décision qui a finalement détruit toutes les relations, même un patrimoine aussi important qu’un système de défense commun.

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