martes, 31 de marzo de 2015

Le cardinal Müller, Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, est interrogé dans La Croix.


"L’idée d’une Église nationale serait totalement hérétique"



Le cardinal Müller, Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, est interrogé dans La Croix

Extraits :

"On peut avoir l’impression que les pontificats antérieurs faisaient une fixation sur la morale sexuelle et que le pape François veut revenir à l’universalité du message de l’Évangile. Mais le message du pape François est aussi très clair sur une sexualité de l’homme ordonnée à la volonté de Dieu qui l’a créé homme et femme. L’Église rejette toute vision gnostique ou dualiste qui ferait de la sexualité un élément isolé de la nature humaine. Le pape veut élargir la réflexion pour souligner que la mission de l’Église est de donner l’espérance à tous les hommes.

C’est justement le thème de la prochaine assemblée du Synode sur « la mission de la famille dans l’Église et dans le monde ». Une synthèse sera-t-elle possible entre les visions très différentes qui se sont opposées lors de la dernière assemblée ?

Comme préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, j’ai la responsabilité de l’unité dans la foi. Je ne peux prendre parti. Mais les choses sont claires : nous avons les paroles de Jésus sur le mariage et leur interprétation authentique tout au long de l’histoire de l’Église – les conciles de Florence et Trente, la synthèse faite par Gaudium et spes et tout le magistère ultérieur…Théologiquement, tout est très clair. Nous sommes face à la sécularisation du mariage avec la séparation du mariage religieux et du pacte civil.

Nous avons ainsi perdu les éléments constitutifs du mariage comme sacrement et comme institution naturelle. Le message de l’Église sur le mariage va à l’encontre de cette sécularisation. Nous devons retrouver les fondements naturels du mariage et souligner pour les baptisés la sacramentalité du mariage comme moyen pour la grâce d’irriguer les époux et toute la famille.

Il faut distinguer deux niveaux : la dogmatique et l’organisation concrète. Jésus a institué les Apôtres avec Pierre comme principe de l’unité de la foi de l’Église et de sa communion sacramentelle. C’est une institution de droit divin. Au-delà, nous avons des structures canoniques qui évoluent selon les circonstances. Les Conférences épiscopales sont une expression de la collégialité des évêques au niveau d’un pays, d’une culture ou d’une langue, mais c’est une organisation pratique. L’Église catholique existe comme Église universelle, dans la communion de tous les évêques en union et sous l’égide du pape. Elle existe aussi dans les Églises locales. Mais l’Église locale, ce n’est pas l’Église de France ou d’Allemagne : c’est l’Église de Paris, de Toulouse… Ce sont les diocèses. L’idée d’une Église nationale serait totalement hérétique. Une autonomie dans la foi est impossible ! Jésus-Christ est le sauveur de tous, il unifie tous les hommes.

Des changements disciplinaires sont-ils possibles sans toucher à la doctrine ?

La discipline et la pastorale doivent agir en harmonie avec la doctrine. Celle-ci n’est pas une théorie platonique qui serait corrigée par la pratique, mais l’expression de la vérité révélée en Jésus-Christ.

Sur la question des divorcés-remariés, ne peut-on imaginer, après un chemin de pénitence, de reconnaître une seconde union qui n’aurait pas de caractère sacramentel ?

Il est impossible d’avoir deux femmes ! Si la première union est valide, il n’est pas possible d’en contracter une seconde en même temps. Un chemin de pénitence est possible, mais pas une seconde union. La seule possibilité est de retourner à la première union légitime, ou de vivre la seconde union comme frère et sœur : telle est la position de l’Église, en accord avec la volonté de Jésus. J’ajoute qu’il est toujours possible de chercher à obtenir une déclaration de nullité devant un tribunal ecclésiastique."


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