domingo, 22 de marzo de 2015

Carlo Caffarra, archevêque de Bologne: un cardinal théologien, qui soutient, à propos de l’"Évangile du mariage", des thèses qui sont parfaitement dans la ligne de la tradition


FOI ET CULTURE FACE AU MARIAGE


par Carlo Caffarra


Je crois qu’il est nécessaire, pour que je puisse indiquer avec la rigueur conceptuelle voulue quel est exactement le thème de ma réflexion, de procéder à une clarification des termes qui vont être employés.

Foi : j’entends par là la "fides quæ" en ce qui concerne le mariage. Elle est synonyme d’“évangile du mariage” non seulement au sens objectif, c’est-à-dire ce que l’Évangile propose à propos du mariage, mais également au sens subjectif, c’est-à-dire l’Évangile, la bonne nouvelle qu’est le mariage. Il faut souligner que ma réflexion va porter sur la doctrine de foi à propos du mariage considérée non pas en soi, mais en tant qu’elle est communiquée dans un contexte culturel précis, celui de l’Occident. En bref : ma réflexion va porter sur la communication de la proposition chrétienne en matière de mariage dans la culture occidentale.

Je passe maintenant au second terme : culture. Par ce mot, j’entends la perception du mariage telle qu’elle est actuellement répandue en Occident. Et par perception j’entends la manière de penser le mariage, qui s’exprime principalement dans les systèmes juridiques des états et dans les déclarations des organismes internationaux.

Je vais maintenant entrer dans le vif du sujet. Ma réflexion va être structurée en trois parties.

Dans la première, je chercherai à esquisser une présentation de la situation culturelle dans laquelle le mariage se trouve actuellement en Occident.

Dans la seconde, je chercherai à identifier les problèmes fondamentaux que cette situation culturelle pose à la proposition chrétienne en matière de mariage.

Dans la troisième, j’indiquerai quelques modalités fondamentales selon lesquelles l’Évangile du mariage doit être proposé aujourd’hui.

1. Situation du mariage

"Rari nantes in gurgite vasto". Ce vers célèbre de Virgile donne une photographie parfaite de la situation du mariage en Occident. L’édifice du mariage n’a pas été détruit ; il a été déconstruit, démonté morceau par morceau. À la fin, nous avons tous les morceaux, mais il n’y a plus d’édifice.

Toutes les catégories qui constituent l’institution matrimoniale – conjugalité ; paternité-maternité ; filiation-fraternité – existent encore, mais elles n’ont plus une signification univoque.

Pourquoi et comment cette déconstruction a-t-elle pu se produire ? Si nous commençons à descendre en profondeur, nous constatons qu’est en train de se réaliser une institutionnalisation du mariage qui fait abstraction de la détermination bio-sexuelle de l’être humain. Il est de plus en plus possible de concevoir un mariage totalement séparé de la sexualité propre de chacun des deux époux. Cette séparation va jusqu’à impliquer une autre catégorie, celle de la paternité-maternité elle-même.

La conséquence la plus importante de cette débiologisation du mariage est que celui-ci est réduit à être une simple émotion privée, qui n’a plus une importance publique fondamentale.

Le processus qui a conduit à séparer l’institution matrimoniale de l’identité sexuelle des époux a été long et complexe.


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