sábado, 19 de abril de 2014

INTERVIEW - L'astrophysicien américain Clement Pryke raconte l'histoire de la plus grande découverte récente sur la naissance de l'Univers.


Nous ne pensions pas trouver les ondes gravitationnelles du big bang aussi vite »


Une fraction de seconde après le big bang, l'Univers a connu une phase d'expansion extrêmement rapide. Pendant un milliardième de milliardième de milliardième de seconde, l'Univers a grossi d'au moins un million de milliards de milliards de fois.

Le mois dernier, une équipe américaine annonçait avoir enfin découvert la trace des ondes gravitationnelles primordiales, ces soubresauts de l'espace-temps survenus aux premiers instants de l'Univers. Professeur à l'université du Minnesota, Clement Pryke, l'un des deux responsables du programme Bicep, est venu dans les locaux du Figaro pour raconter cette découverte fondamentale. Considérée par les spécialistes comme le Graal de la cosmologie moderne, elle pourrait lui valoir le prix Nobel de physique.

LE FIGARO. - Comment avez-vous découvert ces ondes?

Clement PRYKE. - Les théo­riciens prévoient que les ondes gravitationnelles primordiales, si elles existent, ont perturbé la lumière originelle, émise il y a 13,8 milliards d'années, en lui imprimant une polarisation particulière, c'est-à-dire une façon d'osciller extrêmement caractéristique. Comme nous baignons toujours dans ce rayonnement, qui s'est considérablement refroidi avec le temps, il est possible de l'étudier. Nous avons donc braqué un radiotélescope au pôle Sud sur une petite portion de ciel très propre afin d'étudier avec précision la polarisation de ce rayonnement fossile. Et nous avons trouvé le signal que nous espérions.

La communauté scientifique a été surprise par votre annonce. Pourquoi?

Je travaille depuis 2005 sur la détection des ondes gravitationnelles du big bang. Avec notre premier observatoire polaire, Bicep 1, nous n'avions pas trouvé la moindre trace de cette polarisation primordiale. Nous ne pensions pas que la sensibilité de son successeur, Bicep 2, serait suffisante. Nous espérions simplement trouver une borne supérieure à ce signal. Quelque chose comme: «il ne sera pas plus élevé que telle valeur». Mais nous avons eu de la chance: le signal était bien plus fort qu'attendu. Nous cherchions une aiguille dans une botte de foin et nous sommes tombés sur une barre à mine!

Comprenez-vous le scepticisme de certains de vos collègues?

Depuis que nous avons soumis nos travaux à la critique de nos pairs en les publiant directement sur Internet, nous avons eu de nombreux retours. Certains très cons­tructifs, d'autres moins. La plus grosse interrogation reste l'origine de la polarisation que nous observons. Théoriquement, elle pourrait en effet venir de poussières de notre galaxie qui auraient perturbé le rayonnement fossile avant qu'il ne nous parvienne. Mais il y a peu de chance que ce soit le cas. Une sur cent ou sur mille. C'est improbable, mais c'est possible. Pour dire les choses autrement, je serais prêt à mettre mon doigt à couper que nous avons bien trouvé ce que nous cherchions, mais je ne mettrais pas en jeu la vie de mon enfant. En science, il y a toujours une place pour le doute.

Que faudrait-il pour convaincre définitivement la communauté?

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