martes, 4 de marzo de 2014

Poutine était sorti vainqueur de la première phase ; il ressort perdant de cette seconde partie…


Ukraine ou le triomphe 
de l’idiotie diplomatique…

Entretien avec Vladimir Fedorovski réalisé par Emmanuelle Duverger.

Grigori Karassine, vice-ministre russe des Affaires étrangères, a répété dimanche à plusieurs reprises que la Russie ne voulait pas de guerre avec l’Ukraine. N’est-ce pas un peu hypocrite à l’heure où les forces russes ont déjà pris possession de la Crimée ?
La guerre là-bas, c’est la pire des solutions. Il faut à tout prix éviter la guerre civile et la partition de l’Ukraine. Si la guerre éclate, ce sera une guerre civile et peut-être le prélude à une guerre mondiale. Il faut tout faire pour l’empêcher. Les événements qui se déroulent depuis trois mois sont une sorte de triomphe de l’idiotie diplomatique. L’erreur assez capitale de départ est que, lorsque les préparatifs d’association de l’Ukraine à l’Union européenne ont démarré, les Russes ont été tenus à l’écart. C’était la faute à ne pas commettre quand 30 % de l’économie ukrainienne appartient aux Russes et que 60 % des Ukrainiens travaillent pour les Russes… 50 % du gaz utilisé en Allemagne passe par l’Ukraine en provenance de Russie ! Aujourd’hui, l’Ukraine est confrontée à un sérieux problème économique : pour que l’argent circule, il faut éviter la guerre civile et l’effondrement du pays. Or, aujourd’hui, l’Europe n’a pas l’argent nécessaire pour assumer seule le gouffre financier que représente l’Ukraine. Pour sauver ce pays, il faudrait injecter 34 milliards de dollars immédiatement et l’Europe ne les a pas. La transformation de l’économie ukrainienne vers une économie de marché exige beaucoup d’argent et il est impossible de le faire sans les Russes ! L’Occident a voulu jouer tout le monde contre tout le monde au lieu de jouer l’Europe avec l’Ukraine et la Russie…
Cette première erreur dont vous parlez – avoir tenu les Russes à l’écart – n’explique pas, à elle seule, la situation actuelle ?
En effet. La société ukrainienne a saisi l’occasion des protestations pour se révolter contre le régime corrompu. Ajoutez à cela une minorité agissante et armée, très motivée et animée par un esprit nationaliste directement issu de la Seconde Guerre mondiale. Le président Viktor Ianoukovitch n’étant pas à la hauteur de la situation, il a fait tirer sur les manifestants, ce qui est inadmissible. Il s’est ensuite lamentablement réfugié en Russie. Poutine était sorti vainqueur de la première phase ; il ressort perdant de cette seconde partie…

Vient ensuite la gestion immédiate de l’après-Ianoukovitch. Les Russes ont considéré, à juste titre, que la procédure de destitution de Ianoukovitch n’avait pas été respectée. Et c’est à ce moment-là que la diplomatie européenne, jusqu’alors quasi inexistante, a fait son come-back.

L’Ukraine est multiple et la période post-soviétique n’a pas réussi à accomplir la cohésion nationale. Il existe une Ukraine orientale liée aux Russes et qui travaille à 100 % avec la Russie. Mais aussi une Ukraine occidentale qui vomit les Russes. Celle-là a toujours été liée à l’Empire austro-hongrois et c’est de là que venaient les manifestants antirusses les plus motivés durant ces dernières semaines. Et il y a la Crimée, que Khrouchtchev a unilatéralement donnée en 1954 à l’Ukraine. Bref, plusieurs Ukraine. Et si on veut sauvegarder la paix, il va falloir que tout le monde s’y mette.
Quelle solution aujourd’hui ?
Il est inévitable que la Crimée obtienne une forte autonomie. Mais faire éclater l’Ukraine, accéder à une demande de partition du pays serait un prélude à une guerre civile. Je ne suis pas partisan de la partition : ce serait trop dangereux. Il faut à tout prix éviter la guerre civile, or on s’y dirige à pas de géant !

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