domingo, 2 de febrero de 2014

Les Ukrainiens ne veulent pas rejoindre l’UE mais se débarrasser du système post-soviétique


Dawid Wildstein, journaliste, 
a passé 28 jours avec les manifestants


Alors que la révolte s’étend à la majeure partie de l’Ukraine et prend des allures de révolution, j’ai rencontré à Varsovie le journaliste polonais Dawid Wildstein, qui a passé 28 jours avec les manifestants ukrainiens en tant que reporter du groupe de presse conservateur Gazeta Polska. Voici son témoignage.


Vous couvrez les événements en Ukraine depuis les débuts des manifestations place de l’Indépendance à Kiev. Avez-vous été vous-même témoin des brutalités policières ?


Oui, c’était terrible. J’ai moi-même assisté à l’évacuation de deux cadavres. J’étais aussi sur les barricades le jour où ils ont tiré à balles réelles. Il y a eu un jour où ils ont utilisé des balles réelles, après ils ne l’ont plus fait. J’ai vu de nombreux blessés ce jour-là. J’ai vu aussi les unités Berkout attraper des gens pour s’acharner brutalement sur eux. Je n’avais jamais assisté à une telle violence de la part de forces de l’ordre auparavant. J’ai déjà vu vos CRS français taper sur des manifestants, mais cela n’avait aucun rapport, il n’y avait pas cet acharnement. Les Berkouts se comportaient comme des bêtes sauvages, je les ai vus par exemple coincer une femme et la battre brutalement pendant plusieurs minutes, avec des matraques, sur toutes les parties du corps. Je les ai vus cracher sur les gens. Au centre de presse, un homme est venu qui avait été relâché. Les Berkouts l’avaient libéré en lui disant « Va, et montre-leur ce qui les attend ». Ils l’avaient mis dans un sale état. Il nous a raconté comment on l’avait complètement déshabillé et arrosé de gaz lacrymogène avant de lui faire des entailles au couteau dans le corps pour que le gaz entre au contact de sa chair. Un vrai cauchemar !

J’étais aussi là quand ils ont libéré Lucenko qui avait été enlevé et brutalement battu. J’étais à l’hôpital où il était soigné lorsqu’il a raconté comment ils avaient enlevé à l’hôpital, en même temps que lui, Yuri Werbicki, comment ils l’avaient roué de coups. Il nous suppliait, nous les médias, d’en parler, de lancer une campagne, pour que Werbicki, qui n’avait pas été relâché, ne soit pas tué. Le lendemain matin le corps de Werbycki a été retrouvé dans un bois. Lucenko et Werbicki étaient deux leaders importants du Maïdan, mais pas des politiques.

Peut-on dire aujourd’hui que Ianoukovytch et le gouvernement ukrainien sont activement aidés par la Russie pour réprimer la révolte ? J’ai lu récemment une opinion selon laquelle les francs-tireurs qui ont abattu des manifestants depuis les toits de bâtiments gouvernementaux seraient des membres des services spéciaux russes.

Il y a en effet des indices qui permettent de le penser mais il n’y a pas de preuves. Les balles ont été tirées avec des armes utilisées par les services russes, des fusils que les Ukrainiens n’ont pas. Ce qui ne veut pas dire que dans ce cas précis les tireurs ne pouvaient pas être des Ukrainiens en possession de ces armes russes. Toutefois, ce ne serait pas la première fois que la Russie envoie ses « experts » pour défendre activement ses intérêts dans les pays voisins. Mais comme journaliste, je ne peux pas affirmer que les tireurs étaient des Russes. Je n’ai aucun élément qui m’en donnerait une certitude suffisante.

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