miércoles, 22 de enero de 2014

Louis XVI se reprend: « Je boirai, dit-il, le calice jusqu'à la lie ». Puis il se laisse aller, frémissant, aux mains ignobles du bourreau



par Christian Vanneste


Le 21 Janvier 1793, comme le pensait Renan, la France s’est suicidée en coupant la tête de son Roi. 

Elle venait de manquer l’instauration d’une Monarchie Constitutionnelle apaisée qui a si bien réussi au Royaume-Uni, notre grand rival victorieux du XVIIIe siècle. 

Depuis elle reste prisonnière d’un schéma historique fondé sur des révolutions violentes et des changements de régime plus ou moins déterminés par des guerres perdues. 

A défaut de réaliser les réformes nécessaires, certains imaginent une bien inutile VIe République. 

La gauche demeure inconsciemment animée par le mouvement qui a agité le pays entre 1789 et 1794 : toujours plus à gauche. 

La droite trouve dans le marais son meilleur modèle du passé : ne rien faire au pouvoir et survivre dans l’opposition. 

Mais, comme les faits sont têtus, la gauche, rappelée à la réalité sur le terrain économique, continue sa marche de somnambule là où l’idéologie se heurte moins vite et moins clairement au réel : la société et les moeurs. 

Le progrès a ainsi pris la forme de la transgression des valeurs traditionnelles, héritées notamment de la religion catholique qui a joué un rôle considérable dans l’identité de notre pays. 

Mais cette identité évidente, inscrite dans notre patrimoine, la gauche la nie parce qu’elle s’accroche farouchement à sa furie destructrice des identités.

Paradoxalement, c’est justement la seule identité qui lui reste.


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Notre Bon Roi Louis XVI a été assassiné le 21 Janvier 1793 par les crapules révolutionnaires. Du Ciel où Il est Il prie pour nous et pour la France. Que son Précieux Sang injustement versé ne retombe pas sur nos têtes!

Pie Jesu Domine dona Eis requiem sempiterna.

Pie Jesu du Requiem de Charles Gounod chanté par la Maitrise des Hauts de Seine, direction Francis Bardot.

« Le 21 janvier, avec le meurtre du Roi-prêtre, s'achève ce qu'on a appelé significativement la passion de Louis XVI. Certes, c'est un répugnant scandale d'avoir présenté, comme un grand moment de notre histoire, l'assassinat public d'un homme faible et bon. Cet échafaud ne marque pas un sommet, il s'en faut. Il reste au moins que, par ses attendus et ses conséquences, le jugement du Roi est à la charnière de notre histoire contemporaine. Il symbolise la désacralisation de cette histoire et la désincarnation du Dieu Chrétien. Dieu, jusqu'ici, se mêlait à l'histoire par les Rois. Mais on tue son représentant historique, il n'y a plus de Roi. Il n'y a donc plus qu'une apparence de Dieu relégué dans le ciel des principes.

Les révolutionnaires peuvent se réclamer de l'Évangile. En fait, ils portent au Christianisme un coup terrible, dont il ne s'est pas encore relevé. Il semble vraiment que l'exécution du Roi, suivie, on le sait, de scènes convulsives, de suicides ou de folie, s'est déroulée tout entière dans la conscience de ce qui s'accomplissait. Louis XVI semble avoir, parfois, douté de son droit divin, quoiqu'il ait refusé systématiquement tous les projets de loi qui portaient atteinte à sa foi. Mais à partir du moment où il soupçonne ou connaît son sort, il semble s'identifier, son langage le montre, à sa mission divine, pour qu'il soit bien dit que l'attentat contre sa personne vise le Roi-Christ, l'incarnation divine, et non la chair effrayée de l'homme. Son livre de chevet, au Temple, est l'Imitation de Jésus-Christ. La douceur, la perfection que cet homme, de sensibilité pourtant moyenne, apporte à ses derniers moments, ses remarques indifférentes sur tout ce qui est du monde extérieur et, pour finir, sa brève défaillance sur l'échafaud solitaire, devant ce terrible tambour qui couvrait sa voix, si loin de ce peuple dont il espérait se faire entendre, tout cela laisse imaginer que ce n'est pas Capet qui meurt mais Louis de droit divin, et avec lui, d'une certaine manière, la Chrétienté temporelle. Pour mieux affirmer encore ce lien sacré, son confesseur le soutient dans sa défaillance, en lui rappelant sa « ressemblance » avec le Dieu de douleur. Et Louis XVI alors se reprend, en reprenant le langage de ce Dieu : « Je boirai, dit-il, le calice jusqu'à la lie ». Puis il se laisse aller, frémissant, aux mains ignobles du bourreau. »

Albert Camus, L'homme révolté, La Pléiade, p. 528-529.

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