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sábado, 7 de diciembre de 2013

L’Afrique du Sud est-elle un exemple ou une exception ? - La vérité sur Nelson Mandela - Mandela, le rêve inachevé - Nelson Mandela : l’icône et le néant


La foi de Nelson Mandela

Par Guy Sorman

Si l’on contemple l’histoire du vingtième siècle, les hommes d’État qui améliorèrent notre monde et dont le nom mérite d’être retenu, bien peu nombreux, furent mus par la foi, une foi religieuse ou quasi religieuse, non par une idéologie : paradoxe d’un temps que l’on dit laïc mais, en vérité, hanté par la transcendance ou son désir.

L’itinéraire de Mandela fut dicté par sa foi chrétienne, un cheminement qui le conduisit de la violence à la rédemption

Nelson Mandela eut plusieurs vies : militant communiste, prisonnier pacifiste, Président charismatique. Il fut aussi le seul récipiendaire du Prix Nobel de la Paix à recevoir au préalable le Prix Lénine, puis la Médaille de la liberté, la plus haute distinction américaine. Quel fil rouge a bien pu relier toutes ses vies successives et d’apparence quelque peu contradictoire ? On risquera ici une hypothèse que confirmeraient certainement ses geôliers, puis les Afrikaners qui négocièrent avec lui la fin de l’apartheid : l’itinéraire de Mandela fut dicté par sa foi chrétienne, un cheminement qui le conduisit de la violence à la rédemption.

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La foi aussi explique et elle éclaire le chemin qui a conduit Mandela du communisme à la démocratie libérale et de l’action violente à la réconciliation pacifique. Rappelons qu’en 1962, Mandela fut condamné à la prison à perpétuité pour avoir organisé des attaques à la bombe contre des postes de police, laissant plusieurs victimes dans leur sillage : Mandela fut condamné pour un crime bien réel. L’ANC, à l’époque où Mandela y occupait une fonction éminente mais pas majeure, était une branche du Mouvement communiste international ; avec le soutien de l’Union soviétique, elle préconisait la violence révolutionnaire. L’incarcération de Mandela fut politiquement injuste, mais elle était légalement fondée : ce que lui-même n’a jamais nié. En prison, il cessa de croire en la Révolution et au communisme. Fut-ce parce que l’URSS s’effondrait, ce que les adversaires de Mandela ont cru à l’époque ? Ou au terme de sa méditation personnelle ? On penchera pour la méditation : la cellule de Mandela à Robben Island, encombrée de ses livres et de ses manuscrits, fut monacale autant que carcérale.

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L’AFRIQUE EST-ELLE ENTREE

par Christian Vanneste


L’Afrique, à défaut d’être entrée dans l’Histoire, est à la une de l’actualité. La coïncidence entre le Sommet sur la Paix et la Sécurité qui se tient à Paris en présence de 40 dirigeants aficains, l’intervention française en République Centre-Africaine, et la disparition de Nelson Mandela braque les projecteurs sur un continent au devenir incertain. 


L’événement auquel les médias se consacrent le plus est la mort de Madiba. 

Il est révélateur que le décès d’un homme de 95 ans, retiré du pouvoir, prenne le pas sur le reste. Le marché de l’information cultive l’émotion à son plus grand profit. En l’occurrence, contrairement à d’autres, princesse britannique ou révolutionnaire argentin, Mandela mérite de la susciter. Son charisme le situe parmi les icônes qui relèvent d’un mythe dont la remise en cause serait sacrilège. 

Cela transcende la politique pour atteindre le quasi-religieux avec cette part de dévotion qui obscurcit parfois le jugement. La pluie de louanges, la ferveur des oraisons sont telles qu’elles ôtent l’envie d’en ajouter. Leur quantité mais aussi la qualité parfois douteuse des panégyristes freinent les ardeurs. 

Toute la caste branchée des « progressistes » verbeux, des chevaliers de la décadence, des marxistes non repentis, et des mondialistes libertaires a profité de l’occasion pour habiller ses échecs et sa médiocrité de la tunique immaculée de Madiba. 

Cela donne envie d’éteindre les radios et de réfléchir. 

Nelson Mandela partage avec Gandhi, dont l’action avait débuté aussi sur cette terre d’Afrique du Sud, le fait d’avoir été une exception, un symbole actif plutôt qu’un homme de pouvoir. 

Tous deux, contrairement aux mondialistes superficiels et aux champions de l’individualisme sans racines, ont cultivé à la fois le sens de l’identité culturelle et le respect de l’autre. Ce sont des personnalistes et non des individualistes. 

  • Le premier a réussi, en accord avec Frederik de Klerk à mettre fin au régime de l »apartheid sans bain de sang ni départ massif des Blancs qui ont construit l’Afrique du Sud. 
  • Le second, s’il a libéré en douceur l’Inde de la présence britannique n’a pas réalisé l’entente entre Hindous et Musulmans et en est mort, victime des extrémistes de sa religion. 
Tous deux ont été portés par une éthique et appartiennent davantage à la race des Saints qu’à celle des Héros. 

La question demeure donc de savoir si leur impulsion peut l’emporter à long terme sur les pesanteurs naturelles de l’humanité. Gandhi a déjà perdu. 

Mandela dont le pays a échappé à la dérive du Zimbabwe voisin l’emportera-t-il à long terme, alors que des centaines de milliers de blancs l’ont fui, que les inégalités et la pauvreté accentuent les tensions, que la violence et le Sida y battent des records ?


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Mandela n’est pas un saint homme. Il n’a pas été jeté en prison parce qu’il « luttait contre l’apartheid », mais parce qu’il le faisait de manière violente et avait créé une organisation terroriste, l’ Umkhonto we Sizwe, (« fer de lance de la nation ») qui a perpétré de nombreux attentats. L’ANC (African National Congress) était elle-même une organisation communiste, financée largement par l’Union Soviétique tant que l’Union Soviétique a existé. L’ANC s’est définie à partir de 2004 comme un parti socialiste et a rejoint l’Internationale Socialiste. C’est en 2008 seulement que les Etats Unis ont retiré l’ANC de la liste des organisations contribuant au terrorisme international. Dans une dictature comme il en a longtemps existé en Afrique, Nelson Mandela n’aurait pas été « prisonnier politique » pendant de longues années : il aurait sans doute été exécuté, peut-être de façon sommaire. Mandela n’était pas plus un « prisonnier politique » que les gens d’Action Directe en France ont été des « prisonniers politiques ».

Ensuite, Mandela n’est pas l’homme qui a aboli l’apartheid. L’apartheid a été aboli par les autorités sud-africaines de l’époque, sous l’égide de Frederik de Klerk, qui a fait libérer Mandela, et lui a permis de participer aux premières élections démocratiques multiraciales du pays en 1994. Mandela, assagi par ses années de prison est devenu le premier Président noir de l’Afrique du Sud d’après l’apartheid et a gouverné le pays sur un mode prudent et modéré qui n’a pas fait basculer celui-ci vers le chaos. Il a laissé le pouvoir à son successeur dans le cadre d’élections démocratiques multiraciales en 1999. Qu’on lui donne acte de s’être assagi, d’avoir gouverné le pays de manière prudente et modérée et d’avoir laissé démocratiquement le pouvoir à un successeur est une chose, et c’est tout à son honneur. Qu’on n’aie pas trouvé dans ses propos des phrases antisémites « antisionistes » et anti-américaines telles celles qui viennent si aisément aux lèvres de l’infect évêque anglican Desmond Tutu, est tout à son honneur aussi. Qu’on considère que tout cela relève de l’héroïsme est très excessif. Qu’on le dise « père » de la nation relève d’une idolâtrie frelatée et sans rapport avec la réalité.

Enfin, Mandela n’est plus au pouvoir depuis quatorze années, et le moins qu’on puisse dire est que l’Afrique du Sud ne se porte pas bien et n’est pas du tout une « nation arc en ciel ». C’est un pays à l’économie très détériorée, rongé par la corruption, organisée par l’ANC, qui n’est pas le parti de tous les Africains, mais essentiellement le parti de l’ethnie à laquelle appartient Mandela, les xhoshas. C’est un pays gangréné par la violence la plus extrême où, à côté d’une petite minorité d’Africains noirs qui se sont enrichis grâce à leurs liens avec le gouvernement et à côté d’Africains blancs qui représentent ce qui reste des anciens propriétaires et entrepreneurs, et qui vivent dans des quartiers clos et très gardés, vit pour l’essentiel une population qui vit entre la misère et la pauvreté, dans des conditions sanitaires très précaires, imprégnée de tribalisme et de pensée magique. Le Président actuel, Jacob Zuma, membre du Parti communiste Sud Africain avant de rejoindre l’ANC en 1990, polygame disposant de six épouses et de vingt enfants, se définissant lui-même comme économiquement « très à gauche » incite régulièrement les Noirs les plus pauvres à s’en prendre aux blancs et à les tuer. Les fermiers blancs meurent assassinés les uns après les autres, et il y a eu plus de soixante huit mille blancs assassinés depuis 1994. Les viols d’enfants sont une pratique fréquente dès lors que les sorciers disent que le sida, très commun en Afrique du Sud, peut être curable si on viole une petite fille vierge.

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Mandela, le rêve inachevé




1918-2013. Disciple de Gandhi, puis promoteur de la lutte armée contre le pouvoir blanc, Nelson Mandela rêvait d’une Afrique du Sud multiraciale exemplaire. Il s'est éteint ce jeudi 5 décembre.

Ce fut un moment hautement symbolique, le temps fort de l’histoire de l’Afrique du Sud à l’époque contemporaine : en 1993, Nelson Mandela, figure emblématique du mouvement d’émancipation des Noirs, libéré trois ans plus tôt après vingt-sept années d’emprisonnement, recevait le prix Nobel de la paix. Il ne le recevait pas seul mais en même temps que son ancien adversaire, le président afrikaner Frederik De Klerk. Car c’est avec lui qu’avait été négocié le passage de la société d’apartheid à une société dont tous les citoyens, blancs, noirs, métis ou indiens, jouiraient désormais, théoriquement, des mêmes droits.

Le 9 mai 1994, Mandela devenait le premier président noir de l’Afrique du Sud. À ses côtés, avec le titre de vice-président : son vieux compagnon de lutte, Thabo Mbeki, et son prédécesseur à la tête du pays, Frederik De Klerk.

Ce résultat fut précédé de laborieuses négociations. Le 11 février 1990, Nelson Mandela, âgé de 71 ans, est donc remis en liberté. Prince du peuple xhosa, deuxième ethnie du pays (un peu moins de 6 millions d’individus à l’époque) derrière les Zoulous (plus de 6 millions) mais devant les Blancs (5 millions), il milite depuis sa jeunesse pour l’égalité des droits de tous les habitants de l’Afrique du Sud.

À l’origine, Rolihlahla (son véritable prénom qui, dans la langue xhosa, signifie d’ailleurs “fauteur de troubles”), brillant élève chez les pasteurs méthodistes puis étudiant à l’université noire de Fort Hare, dans le Ciskei, se déclare disciple de Gandhi, qui a obtenu par la non-violence la libération de l’Inde de la tutelle britannique. Mais, adhérent en 1944 de l’African National Congress (ANC), il y rencontre le marxiste Walter Sisulu, dont il va devenir le bras droit. Sisulu lui fait rencontrer le futur chef du PC sud-africain, Joe Slovo, et avec celui-ci la cohorte des militants communistes qui constituent l’armature de l’ANC.

Dès lors, la stratégie de Mandela change du tout au tout. Il rédige une brochure, How to be a good communist(“Comment être un bon communiste”), quitte l’Afrique du Sud en janvier 1962 pour s’initier à la guérilla auprès du FLN algérien, effectue des stages en Europe de l’Est, alors sous la coupe soviétique et, rentré en Afrique du Sud, lance une campagne terroriste. Le 5 août 1962, il est arrêté à Durban. Et condamné, le 12 juin 1964, à la prison à perpétuité.

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Nelson Mandela : l’icône et le néant

Communiqué de Bernard Lugan



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Par delà les émois lénifiants et les hommages hypocrites, il importe de ne jamais perdre de vue les éléments suivants :


1) Aristocrate xhosa issu de la lignée royale des Thembu, Nelson Mandela n’était pas un « pauvre noir opprimé ». Eduqué à l’européenne par des missionnaires méthodistes, il commença ses études supérieures à Fort Hare, université destinée aux enfants des élites noires, avant de les achever à Witwatersrand, au Transvaal, au cœur de ce qui était alors le « pays boer ». Il s’installa ensuite comme avocat à Johannesburg.

2) Il n’était pas non plus ce gentil réformiste que la mièvrerie médiatique se plait à dépeindre en « archange de la paix » luttant pour les droits de l’homme, tel un nouveau Gandhi ou un nouveau Martin Luther King. Nelson Mandela fut en effet et avant tout un révolutionnaire, un combattant, un militant qui mit « sa peau au bout de ses idées », n’hésitant pas à faire couler le sang des autres et à risquer le sien.
Il fut ainsi l’un des fondateurs de l’Umkonto We Sizwe, « le fer de lance de la nation », aile militaire de l’ANC, qu’il co-dirigea avec le communiste Joe Slovo, planifiant et coordonnant plus de 200 attentats et sabotages pour lesquels il fut condamné à la prison à vie.

3) Il n’était pas davantage l’homme qui permit une transmission pacifique du pouvoir de la « minorité blanche » à la « majorité noire », évitant ainsi un bain de sang à l’Afrique du Sud. La vérité est qu’il fut hissé au pouvoir par un président De Klerk appliquant à la lettre le plan de règlement global de la question de l’Afrique australe décidé par Washington. 

Trahissant toutes les promesses faites à son peuple, ce dernier :

- désintégra une armée sud-africaine que l’ANC n’était pas en mesure d’affronter,
- empêcha la réalisation d’un Etat multiracial décentralisé, alternative fédérale au jacobinisme marxiste et dogmatique de l’ANC,
- torpilla les négociations secrètes menées entre Thabo Mbeki et les généraux sud-africains, négociations qui portaient sur la reconnaissance par l’ANC d’un Volkstaat en échange de l’abandon de l’option militaire par le général Viljoen.

4) Nelson Mandela n’a pas permis aux fontaines sud-africaines de laisser couler le lait et le miel car l’échec économique est aujourd’hui total. Selon le Rapport Economique sur l’Afrique pour l’année 2013, rédigé par la Commission économique de l’Afrique (ONU) et l’Union africaine (en ligne), pour la période 2008-2012, l’Afrique du Sud s’est ainsi classée parmi les 5 pays « les moins performants » du continent sur la base de la croissance moyenne annuelle, devançant à peine les Comores, Madagascar, le Soudan et le Swaziland (page 29 du rapport). Le chômage touchait selon les chiffres officiels 25,6% de la population active au second trimestre 2013, mais en réalité environ 40% des actifs. Quant au revenu de la tranche la plus démunie de la population noire, soit plus de 40% des Sud-africains, il est aujourd’hui inférieur de près de 50% à celui qu’il était sous le régime blanc d’avant 1994[3]. En 2013, près de 17 millions de Noirs sur une population de 51 millions d’habitants, ne survécurent que grâce aux aides sociales, ou Social Grant,qui leur garantit le minimum vital.

5) Nelson Mandela a également échoué politiquement car l’ANC connaît de graves tensions multiformes entre Xhosa et Zulu, entre doctrinaires post marxistes et « gestionnaires » capitalistes, entre africanistes et partisans d’une ligne « multiraciale ». Un conflit de génération oppose également la vieille garde composée de « Black Englishmen», aux jeunes loups qui prônent une « libération raciale » et la spoliation des fermiers blancs, comme au Zimbabwe.

6) Nelson Mandela n’a pas davantage pacifié l’Afrique du Sud, pays aujourd’hui livré à la loi de la jungle avec une moyenne de 43 meurtres quotidiens.

7) Nelson Mandela n’a pas apaisé les rapports inter-raciaux. Ainsi, entre 1970 et 1994, en 24 ans, alors que l'ANC était "en guerre" contre le « gouvernement blanc », une soixantaine de fermiers blancs furent tués. Depuis avril 1994, date de l’arrivée au pouvoir de Nelson Mandela, plus de 2000 fermiers blancs ont été massacrés dans l’indifférence la plus totale des médias européens.

8) Enfin, le mythe de la « nation arc-en-ciel » s’est brisé sur les réalités régionales et ethno-raciales, le pays étant plus divisé et plus cloisonné que jamais, phénomène qui apparaît au grand jour lors de chaque élection à l’occasion desquelles le vote est clairement « racial », les Noirs votant pour l’ANC, les Blancs et les métis pour l’Alliance démocratique.


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