Les aberrantes propositions économiques du FN
Par Eric Le Boucher
Le Front national, selon un sondage de l'Ifop pour « Le Nouvel Observateur », arriverait en tête aux futures élections européennes avec 24 % des intentions de vote. Le parti de Marine Le Pen a attiré les autres sur ses terrains de l'immigration et de la laïcité, il a élargi son discours à la République, il serait en passe de réussir sa « dédiabolisation ». Reste l'économie...
La crise qui se prolonge, les usines qui ferment, les reculades sur les promesses électorales, le chômage que le gouvernement n'arrive pas à endiguer sérieusement, les impôts qui montent, tout cela crée un terreau très favorable à ceux qui s'élèvent contre l'establishment et plaident pour des idées nouvelles et radicales. Mme Le Pen n'en manque pas. Elle essaie de faire sur le chapitre économique le même glissement-élargissement qu'elle a pratiqué en passant de l'immigration à la République. Elle part des anciennes bases poujadistes de son père pour défendre tous ceux qu'on peut appeler « les petits » (les salariés sous le niveau de revenu médian, les patrons de PME ) contre « les grands » (la grande distribution, le CAC 40, les banques, les riches, les élites). Elle le fait par « triangulation », en prenant sans vergogne les thèses de la gauche et de l'extrême gauche. En matière économique, le Front national est franchement anti-libéral, il est, au sens propre, national-populiste ou national-socialiste, sans que cela puisse être entendu en référence aux années 1930.
Les chapitres du « Projet » présidentiel de Mme Le Pen sont des copiés-collés de la gauche. L'explication de la crise est la même : le peuple a été trahi au profit d'une petite classe « mondialiste». Les propositions sont les mêmes : la création d'une Banque nationale d'investissement pour financer les PME, une tranche supérieure de l'impôt à 46 %, le maintien de l'ISF (impôt sur la fortune fusionné avec la taxe foncière), l'attaque des « rémunérations indécentes » des PDG et le relèvement de la taxation des revenus du capital au même niveau que celle des revenus du travail.
Mais pour emporter la compétition qu'elle ouvre entre la copie (du FN) et l'original (de gauche), Mme Le Pen pousse le bouchon beaucoup plus loin. Elle propose que les 50 plus grands groupes mettent 15 % de leur résultat net en réserve pendant cinq ans pour alimenter un « Fonds d'industrialisation stratégique ». Elle revient au contrôle des prix ; elle réindexe les salaires sur l'inflation ; elle crée une « réserve légale des titres d'entreprises » pour rendre les salariés propriétaires ; elle revalorise les salaires de la fonction publique ; elle remonte les pensions de reversion ; elle taxe à hauteur de 33 % les délocalisations de services (informatique, centre d'appels) ; enfin, et surtout, elle distribue 200 euros à tous les salaires inférieurs à 1,4 SMIC, à partir d'une « contribution sociale aux importations ». Cette générosité est à vocation résolument clientéliste : le FN vise tous les « petits », ouvriers et fonctionnaires, « déclassés » (vocabulaire copié de la gauche) et classe moyenne, retraités et agriculteurs, anciens combattants et handicapés, pêcheurs et conchyliculteurs… personne n'est oublié dans le froid créé par le « mondialisme » ultra-libéral.
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