miércoles, 23 de octubre de 2013

Le fonctionnement des marchés est faussé, ils sont malades, ils ont perdu leur capacité à dégager des prix qui correspondent à la réalité. On le voit bien sur le marché obligataire où ce sont les banques centrales qui faussent les prix.




Interview. Jean-Michel Naulot, ancien banquier et membre de l'Autorité des marchés financiers, réclame une grande réforme de la finance mondiale.


Crise financière. Pourquoi les gouvernements ne font rien - Jean-Michel Naulot

Crise financière, Pourquoi les gouvernements ne font rien, Seuil

De la part d'un spécialiste, le constat fait froid dans le dos. Jean-Michel Naulot, banquier pendant 37 ans et membre du collège de l'Autorité des marchés financiers de 2003 à 2013, explique dans un livre* pourquoi les marchés financiers sont devenus une véritable centrale nucléaire prête à exploser. Si le monde de la finance paraît hors de contrôle, quelques mesures simples, selon lui, permettraient de les remettre au service de l'économie. À condition que la volonté politique soit là... Interview.


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Quels sont pour vous les principaux foyers de risques aujourd'hui sur les marchés ?

Les trois foyers dont j'ai déjà parlé pour caractériser le système financier. 


D'abord la grande bulle spéculative, c'est-à-dire cette masse de capitaux qui se promène. Il faut savoir que les liquidités ont été multipliées par sept depuis quinze ans aux États-Unis, mais il y a eu une accélération très forte avec la politique monétaire non conventionnelle à partir de 2008. À l'époque, nous avions déjà une abondance de liquidité et pourtant, le lendemain de la faillite de Lehman Brothers, on s'est retrouvé en crise de liquidité. Cela se produit quand la confiance disparaît. Or, paradoxalement, plus il y a de liquidité dans le système et plus la confiance est fragile. Demain, s'il y a un problème, la confiance disparaîtra du jour au lendemain. La crise sera d'autant plus violente que les capitaux sont abondants. Le risque vient notamment de la finance de l'ombre, un pan entier de la finance non soumise aux règles comme les acteurs traditionnels de la finance, qui représente tout de même entre un quart et la moitié de la finance mondiale.

Le second foyer de risque, c'est l'innovation financière qui a continué à se développer depuis 2008. Prenez le trading à haute fréquence opéré par des machines à partir d'algorithmes. Il n'existait pratiquement pas avant la crise. Aujourd'hui, c'est la moitié des transactions. Il y a eu des incidents répétés avec des ordinateurs qui s'emballent pendant plusieurs heures et que l'on ne peut pas arrêter, ce qui inquiète les acteurs de marché eux-mêmes. Toujours dans le domaine de l'innovation, il y a eu une multiplication des fonds indiciels aux États-Unis, dits ETF, qui sont cotés en continu : On peut en sortir à tout moment et non pas une seule fois par jour. Vous cliquez et vous sortez. Sauf que ces fonds indiciels prêtent, dans certains cas, tous leurs titres ! Dans un rapport de l'automne dernier, le FMI a relevé qu'un même titre pouvait être réutilisé 2,5 fois au même moment via différents acteurs. Que se passe-t-il en cas de problème ? Comment rappelle-t-on les titres pour rembourser les investisseurs ? Or aujourd'hui, les ETF américains représentant pas moins de 3 000 milliards de dollars, soit une fois et demie le PIB français, ce n'est pas négligeable. Autre problème, celui des fonds monétaires américains et la moitié des fonds européens qui sont systémiques, c'est-à-dire qui peuvent ébranler tout le système comme on l'a vu après la faillite de Lehman Brothers. Les encours de ces fonds dépassent celui de 2008 et on n'a toujours pas agi. On réfléchit.

Le troisième problème, c'est que les règles sont très insuffisantes, notamment pour l'encadrement des fonds spéculatifs. Les gouvernements ont renoncé à plafonner leur effet de levier, c'est-à-dire le ratio entre les actifs détenus par les fonds et l'argent qui leur est confié. Si on ne plafonne pas, ils peuvent investir 10 fois, 20 fois, 30 fois les fonds qui leur sont confiés. En Europe, on a renoncé à leur imposer des contrôles à tout moment. C'était inscrit dans la législation en préparation. Jean-Paul Gauzès, le rapporteur, très partisan de la mesure, raconte avoir eu 200 rendez-vous avec des lobbies ! Pire, les gérants sont à Londres, mais les fonds eux-mêmes sont dans les paradis fiscaux. Monsieur Cameron fait mine de ne pas être content des juridictions à palmiers alors qu'il suffirait d'interdire la domiciliation de ces hedge funds dans les paradis fiscaux de la couronne britannique pour que tout de suite il engage une discussion plus équilibrée avec eux.

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Lire ici l´article: www.lepoint.fr

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