lunes, 26 de agosto de 2013

Livres: Étienne Gilson (1884-1978), Dieu et la philosophie


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Un livre important du grand philosophe français Étienne Gilson (1884-1978), Dieu et la philosophie, vient de paraître pour la première fois en français. Gilson avait écrit ce livre en anglais, et l’avait fait paraître en 1941 en Amérique ; mais jamais personne n’avait traduit ce livre dans la langue maternelle de son auteur. Les moines bénédictins de Fontgombault viennent de combler cette lacune en traduisant et publiant ce livre, précédé d’une belle préface de Rémi Brague. Gilson y examine la relation entre la notion que les hommes ont eue de Dieu et la démonstration de l’existence de Dieu, en commençant par la philosophie grecque, puis la philosophie chrétienne, la philosophie moderne, et enfin la pensée scientifique contemporaine. Sa grande culture et sa profonde vision métaphysique lui permettent de synthétiser en quelques pages la pensée philosophique d’auteurs aussi divers que Platon, Plotin, saint Augustin, saint Thomas, Descartes ou Spinoza. Il montre de façon lumineuse que dans l’histoire des idées, la foi chrétienne, bien loin de s’opposer à la raison, a aidé celle-ci à surpasser ses propres limites et à atteindre le mystère de l’acte d’exister :
« Les philosophes chrétiens ont dit, en se fondant sur les Grecs, des choses qui n’avaient jamais été dites par les Grecs eux-mêmes. »
Pour les Grecs, être au sens plein du mot, c’était être immatériel, intelligible, immuable et un. Leur ontologie, leur science de l’être, était « essentialiste » plutôt qu’« existentielle ».
« En d’autres termes, elle fait preuve d’une tendance marquée à réduire l’existence d’une chose à son essence, et à répondre à la question : Qu’est-ce qu’être pour une chose ? en disant : C’est être ce qu’elle est. Réponse très raisonnable assurément ; mais qui n’est peut-être pas la plus profonde que l’on puisse concevoir en philosophie. »
La révélation que Dieu a faite de lui-même à Moïse, bien qu’elle soit avant tout un fait religieux, a eu une portée métaphysique immense. Lorsque Moïse demanda à Dieu quel était son nom, Dieu lui répondit : JE SUIS CELUI QUI SUIS. « Voici ce que tu diras aux enfants d’Israël : CELUI QUI EST m’a envoyé vers vous. » Il faudra attendre le XIIIe siècle, avec saint Thomas d’Aquin, pour que les conséquences métaphysiques de cette révélation soient pleinement mises en lumière.
« En son sens le plus profond, “être” est l’acte premier et fondamental en vertu duquel un certain étant est véritablement, ou existe. »
Selon les propres mots de saint Thomas, « être » est l’acte même par lequel une essence est.
« Un monde où “être” est l’acte par excellence, l’acte de tous les actes, est aussi un monde dans lequel, pour chaque chose, l’existence est l’énergie originelle d’où découle tout ce qui mérite le nom d’étant. Un tel monde existentiel ne peut être expliqué par nulle autre cause que par un Dieu suprêmement existentiel. »
Gilson conclut que
« la véritable métaphysique ne culmine pas dans un concept, que ce soit celui de Pensée, de Bien, d’Un ou de Substance. (…) L’ultime effort de la vraie métaphysique, c’est de poser un Acte par un acte, c’est-à-dire de poser par un acte de jugement le suprême Acte d’exister, dont l’essence même, parce qu’elle est d’être, surpasse la compréhension humaine. »
« Celui qui est le Dieu des philosophes est CELUI QUI EST, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. »
Étienne GILSON, Dieu et la Philosophie Association Petrus a Stella — Abbaye Notre-Dame F-36220 Fontgombault 19,00 € (+ port 3,00 € si le livre est commandé à l’abbaye).

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