martes, 27 de agosto de 2013

Hélie de Saint-Marc avait atteint depuis longtemps ce stade suprême de l’honneur qu’on appelle le détachement des biens de ce monde.

Hélie de Saint-Marc : 
un mystique de la fidélité et du pardon

par Denis Lensel
Hélie Denoix de Saint-Marc est mort ce matin à l’âge de 91 ans : sa vie aura été une trajectoire exceptionnelle à la mesure des cruelles épreuves qui ont ébranlé la France au XXe siècle. Résistant dès 1941 à l’âge de 19 ans après avoir assisté à Bordeaux à l’arrivée du gouvernement en pleine débâcle, dénoncé, arrêté et déporté par les nazis en 1943 au camp de concentration de Buchenwald, il est envoyé dans un « kommando » de travail où la mortalité dépasse les 90%. Sauvé de justesse par un camarade letton, il se trouve cependant dans une baraque de mourants quand le camp est libéré par les Américains : inconscient, il a oublié momentanément jusqu’à son propre nom. Il figure parmi les trente survivants d’un convoi d’un millier de déportés.

Elevé dans la tradition de la démocratie chrétienne, il aurait pu faire carrière dans la politique sans difficulté avec ce passé de très jeune résistant déporté. Mais il veut servir autrement son pays. En 1945, il entre à Saint-Cyr. Trois ans plus tard, il part en Indochine comme officier de la Légion étrangère. Il apprend le vietnamien, et parle longuement avec les prisonniers du Vietminh pour mieux comprendre tant leurs motivations que leur tactique… Il vit comme un drame l’ordre reçu lors d’un repli d’abandonner des populations locales qui faisaient confiance à la France… et qui seront massacrées, comme viendront en témoigner des survivants. Il restera profondément marqué par cette « blessure jaune »…

Nommé en Algérie, notamment aux côtés du général Massu, puis commandant par intérim du 1er Régiment étranger de parachutistes, en avril 1961, il participe au « putsch des généraux » d’avril 1961 contre la décision de De Gaulle de quitter l’Algérie : à ses yeux, c’est un abandon de trop pour l’armée française. Sur ce point, le massacre ultérieur de nos alliés Harkis restés sur place apportera une terrible justification à sa révolte. Toutefois, dans l’immédiat, il donne l’ordre à ses soldats d’éviter toute effusion de sang et de contenir la colère des civils « pieds-noirs ». C’est un « putschiste » à la fois calme et résolu qui ne tire pas de coup de feu inutile. Quand l’opération échoue, il se constitue prisonnier. Cependant, lorsque la légalité de la Vème République est rétablie, il est condamné à dix ans d’incarcération. Mais il sera gracié en 1966, après cinq ans de détention à la prison de Tulle.

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