sábado, 27 de julio de 2013

Livres - Le droit de mentir, Benjamin Constant / Emmanuel Kant,

Le droit de mentir, de Benjamin Constant

Par Johan Rivalland



Le droit de mentir, un petit texte stimulant et passionnant de Benjamin Constant qui pose bien le problème de la liberté de conscience face au rigorisme de la morale de l’impératif catégorique.Voici la situation de départ sur laquelle repose la présente polémique :Benjamin Constant cite "un philosophe allemand, qui va jusqu'à prétendre qu'envers des assassins qui vous demanderaient si votre ami qu'ils poursuivent n'est pas réfugié dans votre maison, le mensonge serait un crime". Il s'agit en l'occurrence du philosophe Emmanuel Kant.

Cette controverse entre les deux grands intellectuels se situe dans le contexte de la Révolution française (tout au moins pour ce qui est de la première intervention du philosophe français), où la police encourageait la délation, ainsi que dans l'exemple suivant, cité par Benjamin Constant lui-même, se référant à la Révolution anglaise du siècle précédent : "Une femme connue pour sa bienfaisance avait donné asile à un fugitif ; le malheureux la dénonça ; il eut sa grâce : elle fut brûlée vive".

Sans remettre en cause la justesse du devoir de véracité posé en principe par Emmanuel Kant, Benjamin Constant va donc proposer un devoir de véracité sous condition, remettant en cause le caractère inconditionnel du principe. Il défend ainsi l'idée que tout principe élémentaire ne vaut que si ses principes intermédiaires sont admis. Or, il faut se référer, pour cela, à l'expérience et à la pratique, plus qu'à la théorie et aux préjugés, qui peuvent s'avérer en certains cas abstraits et dangereux, en fonction des circonstances.

Benjamin Constant postule donc, de manière plus générale, que "toutes les fois qu'un principe, démontré vrai, paraît inapplicable, c'est que nous ignorons le principe intermédiaire qui contient le moyen d'application". Sans lui, le principe isolé risquerait de détruire la société. La solution à ce dilemme réside dans le parallèle à établir entre droits et devoirs. Ainsi, selon notre intellectuel français, "l'idée de devoir est inséparable de celle de droits : un devoir est ce qui, dans un être, correspond aux droits d'un autre. Là où il n'y a pas de droits, il n'y a pas de devoirs. Dire la vérité n'est donc un devoir qu'envers ceux qui ont droit à la vérité. Or, nul homme n'a droit à la vérité qui nuit à autrui".

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