viernes, 31 de mayo de 2013

La société préfère la liberté à son objet : ce qu’elle aime dans la liberté d’opinion, ce n’est pas d’avoir des idées, mais de pouvoir en changer.

Liberté, Égalité, Gender



Les êtres humains naissent peut-être libres et égaux, mais ça ne dure pas longtemps : les hommes au bureau, les femmes à la cuisine, et les homosexuels « au placard » ; quant aux enfants, c’est dans une prison culturelle que débute leur vie. Alors, où est la liberté, où est l’égalité ? On a cru un temps qu’en envoyant les femmes au bureau, les homosexuels sur le petit écran, et les enfants à l’école, chacun pourrait se libérer de ses déterminismes. Mais on ne guérit pas si facilement d’être né. Comme de la maladie, nous sommes les esclaves des déterminismes que la nature et la société nous ont arbitrairement imposés. Quelle injustice ! À quoi bon être humain, doué de raison et d’imagination, si c’est pour demeurer dans cet état de servitude ? La quête de la liberté et de l’égalité est comme l’imagination, sans limites. La liberté et l’égalité ne peuvent progresser dans nos existences qu’en détruisant les déterminismes, les identités, pour laisser apparaître, progressivement, l’être humain dans sa pure nature. Atteindre l’homme dans son essence en le dégageant des contingences : c’est à cette utopie de perfection angélique que participe la théorie du genre.

Pour accéder à cet état de perfection, l’homme doit devenir parfaitement autonome, c’est-à-dire libre, et il ne peut le demeurer que si tous sont égaux. Il s’agit donc non seulement de se libérer (en détruisant), mais aussi de maintenir ensuite cette liberté en établissant, en construisant un état artificiel d’égalité complète. On le voit, la théorie du genre est issue des idéaux de liberté et d’égalité. Elle est en cela profondément républicaine. Elle ne vise pas seulement une égalité formelle, mais une égalité réelle, par-delà les données de la culture et de la nature. Ce progrès libératoire est poursuivi dans tout ce qui différencie les êtres humains entre eux. Le sexe n’en est qu’un aspect.

Le droit, comme outil de représentation et de transformation sociale, est devenu un instrument de ce « progrès » à mesure que son idéal de justice s’est confondu avec celui d’égalité, à mesure que l’égalité a succédé à l’équité comme finalité du droit. Depuis lors, le droit se reconstruit vers cette finalité autour du concept de « non-discrimination », concept qui absorbe des pans entiers de la logique juridique. Alors que l’équité est statique et en prise avec le réel (donner ou rendre à chacun son dû), l’égalité, comme toute finalité idéale, introduit le droit dans une dynamique sociale, en perpétuelle recherche d’inégalités à corriger, de déterminismes à surmonter.
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