“La vie politique doit être inspirée
par la morale”
Par Mickaël Fonton
Comment avez-vous réagi aux aveux de Jérôme Cahuzac ?
Je trouve cela indigne, naturellement, comme la plupart des Français, mais cela ne m’étonne pas du tout. Je pense que nombre de nos gouvernants dissimulent ce genre d’agissements, même si là nous sommes à l’extrême (un ministre du Budget, en période de crise, qui, dans un discours moralisateur à vous arracher des larmes, interdit aux citoyens de faire exactement ce qu’il est en train de faire en cachette). Le cas n’est certainement pas unique. Ce qui est unique, en revanche, c’est qu’on a eu les moyens de le démasquer et que cela a provoqué ses aveux.
À se proclamer vertueux, les socialistes ne se sont-ils pas fait prendre à leur propre piège ?
Le socialisme n’est pas une politique, c’est une morale. Ce sont eux-mêmes qui le disent. Ils ne sont pas un courant politique parce que leur programme est inapplicable : politiquement, il leur faut ou bien tomber dans le totalitarisme (ce dont ils ne veulent à aucun prix), ou bien tomber dans la social-démocratie (ce qui est leur destin). Le socialisme comme politique est un produit chimiquement instable, il n’existe pas. Ce qui reste, c’est un discours moral égalitaire. Et un sermon permanent servi à l’extérieur. Cette corruption que nous avons sous les yeux aurait pu arriver partout ; mais elle est plus grave ici, parce que les socialistes n’ont que cela : la morale — en fait, ils feraient mieux de créer une Église, cela fonctionnerait mieux.
Nos dirigeants sont-ils vraiment “tous pourris” ?
Heureusement non, pas tous. Mais c’est un acte de foi que de dire cela : nous ne pouvons absolument pas savoir lesquels sont vertueux, ou plutôt, normaux, puisque sans cesse des corrompus sont démasqués qui paraissaient il y a huit jours vêtus de probité candide. Nous avons l’impression que tout le monde ment parce que nous ne pouvons pas faire la distinction. C’est cela qui laisse se développer le “tous pourris”.
Les hommes d’État étaient-ils plus vertueux avant ?
Je crois que oui. Les Trente Glorieuses (1) ont déployé l’attrait pour l’argent, développé la société “frime et fric”, et les gouvernants ont plus de possibilités que les autres pour en profiter. De plus, la seconde moitié du XXe siècle a laissé se développer cette idée selon laquelle le héros, celui qui se sacrifie au service du pays ou de la société, est un salaud : de Gaulle n’avait plus d’avenir. Quand le héros est discrédité, on se réfugie dans le compte en banque. De Gaulle pouvait vivre de façon austère parce qu’il avait d’autres satisfactions, dans l’ordre de la grandeur.
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Lire ici: valeursactuelles.com
L'expression a été créée par Jean Fourastié1 en 1979 en rappel des Trois Glorieuses, journées révolutionnaires des 27, 28 et 29 juillet 1830 qui avaient fait chuter Charles X.
Les Trente Glorieuses furent une révolution, certes plus silencieuse, mais porteuse en réalité de changements économiques et sociaux majeurs, qui ont marqué le passage de l'Europe, quarante années après les États-Unis, à la société de consommation. Le cas de la France permet de saisir en particulier le sens du sous-titre du livre de J. Fourastié, la « Révolution invisible ».
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