domingo, 29 de julio de 2012

Dans les décennies pré-révolutionnaires, il n’y a pas lieu d’opposer une pensée bourgeoise à une pensée noble.


La noblesse contre la monarchie absolue (XVIIIe siècle)

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Une idée longtemps admise, car entrant dans le schéma marxiste de la lutte des classes dominant dans les universités françaises au cours des années 1950-1970, voudrait que la noblesse et la bourgeoisie se soient opposées au XVIIIe siècle, la bourgeoisie étant finalement sortie victorieuse de cette « lutte des classes » à l’issue de la Révolution. La noblesse de la fin du XVIIIe n’aurait été qu’une vieille citadelle assiégée, garante des anciennes traditions et lois du royaume soumises aux coups de boutoirs de la bourgeoisie des Lumières. Et si elle était présente aux Etats généraux de 1789, ce ne pouvait être que pour s’opposer à toute tentative de réforme, conserver ses droits et privilèges.
Ces idées, enseignées longtemps dans les écoles et jusque dans les facultés, ont été balayées depuis les années 1980 environ mais persistent dans le grand public. Au contraire, la noblesse a très largement épousé les idées des Lumières (y compris la plus ancienne) qu’elle a contribué à façonner. Elle se montrait tout aussi critique que la bourgeoisie sur l’« arbitraire royal », le « despotisme ministériel », la censure, les inégalités dans la société, les entraves au libéralisme économique. Dans les décennies pré-révolutionnaires, il n’y a pas lieu d’opposer une pensée bourgeoise à une pensée noble.
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Il ressort des cahiers de doléances que la majorité des nobles à la veille de la Révolution rêvent donc d’une société égalitaire, individualiste, où la liberté de presse, de circulation des biens et des personnes seraient garantis. Seuls compteraient les individus ; les corps et communautés étant effacés. C’est somme toute la société capitaliste et individualiste de notre époque contemporaine que celle-ci réclamait. Cette idéologie explique en grande partie les mouvements de fraternisation des officiers (nobles) militaires avec les révolutionnaires après 1789. Jusqu’à ce que les nobles se voient eux-mêmes dépassés par les événements qu’ils auront en grande partie contribué à engendrer.

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