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domingo, 5 de julio de 2015

De Sarajevo 1914 à Athènes 2015


Conjuration des imbéciles : de Sarajevo 1914 à Athènes 2015, ces moments où l’Europe s’enferme dans des engrenages absurdes


par Maxime Tandonnet


Dans une tribune du New York Times et à propos de la Grèce, Larry Summers, l'ancien secrétaire du Trésor américains a déclaré que "les historiens comprennent comment la première guerre mondiale a pu commencer mais un siècle plus tard n'arrivent toujours pas à croire que ce se soit passé". Une phrase qui résume à elle-seule comment l'Europe réussit parfois à se contraindre à des logiques irrationnelles...

1054 : Rupture entre l'Eglise catholique et l'Eglise orthodoxe.

Roland Hureaux : Malgré des différences de langue liturgique, d'organisation, de culture et de petites différences théologiques, les Eglises de Rome et celle de Constantinople coexistaient dans une même Eglise universelle jusqu'à 1054. Ce n'est pas la première fois qu'une rupture se produit entre les deux, mais cette fois elle est définitive. Clivage ravivé quand les Croisés, mus par l'appât du gain (et la nécessité de rembourser leurs créanciers vénitiens), prennent et pillent Constantinople en 1204. Des tentatives de réconciliation ont eu lieu depuis mais elles n'ont pas abouti.

Le clivage explique encore les conflits de Yougoslavie (1992-1999) et de l'Ukraine (depuis 2012). La réconciliation des églises catholique et orthodoxe demeure un grand enjeu pour chacune de ces Eglises et pour l'Europe
Le rejet instinctif de la Révolution française


Maxime Tandonnet : Pour s'en tenir à l'époque contemporaine, la première grande erreur de l'Europe est sa réaction de rejet instinctif de la Révolution française en 1789. L'attitude hostile des puissances autrichienne, prusse, russe, britannique, craignant la contagion, leur refus catégorique de comprendre le mouvement en cours en France, la déclaration des droits de l'homme, l'abolition des privilèges, l'avénenement de la démocratie et de l'égalité des droits, puis la coalition des empires et des monarchies contre la France a eu pour effet de contribuer à radicaliser cette Révolution. D'où des conséquences en chaîne incommensurables pour l'histoire de notre continent: la Terreur, les guerres de 1792 à 1815, l'Empire napoléonien, puis sa chute, l'émergence des nationalismes...

"Le devoir de civilisation" envers les autres peuples
Maxime Tandonnet : La seconde erreur pourrait être le choix de la politique coloniale au XIXe siècle. A l'image emblématique de Rudyard Kipling au Royaume-Uni et de Jules Ferry en France, l'Europe, profitant de la supériorité technologique, a estimé qu'elle avait un "devoir de civilisation" envers les autres peuples. Elle s'est donc partagé le monde en sphères d'influence, en particulier les continents africain et asiatique. Le sempiternel débat sur les éventuels "bienfaits de la colonisation" est sans issue. Comment faire un bilan sérieux, scientifique, coût/avantage, d'un phénomène d'ampleur aussi titanesque? Néanmoins, au vu de l'histoire et de l'état du monde aujourd'hui, il semble difficile d'en tirer une satisfaction globale: guerres sanglantes de décolonisation, coûts gigantesques, conflits interminables liés au partage des frontières, état déplorable des société et des économies des pays décolonisés, migrations chaotiques des pays ex-colonisés vers l'Europe. Il n'est pas question ici de repentance ni de culpabilité mais simplement de regard lucide...

L'enfer de la Première guerre mondiale


Maxime Tandonnet : La troisième gigantesque erreur, il vaudrait mieux parler de faute à ce niveau, est le déclenchement de la guerre de 1914-1918. Le choix qui a été fait alors – l'ouverture des hostilités mais aussi l'ensemble des décisions antérieures y conduisant, notamment les systèmes d'alliance – a totalement bouleversé l'histoire du monde. Outre le massacre de 17 millions d'hommes, dont 1,5 million de Français, la destruction d'une partie de la jeunesse européenne, cette guerre a précipité le déclin de l'Europe au profit des Etats-Unis, elle a engendré les régimes totalitaires soviétique, fasciste et national-socialiste et les conditions de l'apocalypse que fut la deuxième guerre mondiale. La classe dirigeante européenne s'est totalement trompée. Elle prévoyait, au début du mois d'août 1914, une guerre courte dont chacun pensait sortir vainqueur. Nul n'imaginait alors l'enfer de quatre ans qui devait entraîner le XXe siècle vers l'abîme.

Face à l'Allemagne hitlérienne, le pacifisme

Maxime Tandonnet : Le choix du pacifisme face à l'Allemagne hitlérienne dans les années 1933 à 1939 constitue une autre faute majeure de l'Europe dans son ensemble. Les Européens, classes dirigeantes et opinions publiques, passent totalement à côté de la vraie nature du national-socialisme en reculant constamment devant lui dans l'espoir de sauver la paix. Les accords de Munich du 30 septembre 1938, par lesquels ils acceptent le démantèlement de la Tchécoslovaquie suscitent une euphorie notamment en France et en Grande Bretagne alors qu'ils ouvrent la voie de la deuxième guerre mondiale qui met la planète à feu et à sang, provoquant la mort de 50 millions d'hommes et le génocide des juifs européens. Ex post, il est évidemment facile de refaire l'histoire, mais on ne peut s'empêcher de songer qu'une plus grande clairvoyance, volonté et audace des classes dirigeantes européennes aurait pu éviter des événements à l'origine de la plus grande catastrophe de l'histoire de l'humanité.

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