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sábado, 28 de febrero de 2015

"Discours de haine": ce ne sont plus les faits qui structurent l'actualité, ce sont les mots.


La concurrence victimaire, une tentation qui guette aussi les catholiques ?


Une chronique de Guillaume de Prémare, délégué général d'Ichtus, sur Radio Espérance :

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  • Nous assistons à une inflation exponentielle de polémiques et d'indignations à la Une de l'actualité. 
  • La guerre des mots et des expressions occupe l'espace disponible de nos cerveaux déjà proches de la saturation. 
  • La centrifugeuse médiatique devient un impitoyable accélérateur de particules. 
  • Nous sommes dans une ère de déraison, à un moment historique où tant d'enjeux mériteraient de convoquer l'intelligence et l'expérience. 
  • Ce grand spectacle permanent traduit une incapacité désormais structurelle à penser la raison politique dans l'espace public, laquelle est ruinée par les éléments de langage, les "story telling" des communicants. 
  • La préoccupation première des politiques est : "quelle histoire allons-nous raconter ? Et avec quels mots ?
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Par exemple, je suis frappé par la montée en puissance d'un élément de langage qui désigne les "discours de haine" comme péril n°1 de notre temps. Ce ne sont plus les faits qui structurent l'actualité, ce sont les mots. Ce que l'on nomme "discours de haine" désigne en fait une zone grise aux contours flous, un maelström difficile à cerner, un ennemi multiforme presque indéfinissable et qu'il ne faut surtout pas définir. 

Ce qui compte, c'est la sensation qui est en suspension dans l'air, le "nauséabond" comme on dit, c'est-à-dire une odeur dont on peine à identifier l'origine et la nature exacte. On y mélange allègrement : Dieudonné, le Front national, le populisme, l'apologie du terrorisme, toutes les "phobies", les profanations de cimetières, souvent liées à des jeux de rôles morbides, la débilité insignifiante de supporters de foot, les poussées de fièvre adolescentes sur Twitter ou Facebook, etc. La scénarisation hystérique de ce pot-pourri de la "haine" interdit de distinguer les phénomènes, de les hiérarchiser, de les analyser, de les penser et le cas échéant, de les ramener à leur juste mesure.
Dans ce contexte, tout prend des proportions démesurées et le débat public devient une immense plainte, un concours de pleurnicheries, un florilège de concurrence victimaire, une guerre civile médiatique larvée entre communautés. 

Or, les communautés devraient au contraire constituer un espace d'intermédiation entre l'espace commun et les attachements particuliers des citoyens. 

Mais de plus en plus, ceux qui prétendent les représenter ont tendance à en faire un outil politique grégaire de tribus perdues dans la contemplation narcissique de leur "moi" outragé et souffrant : "Je souffre donc je suis", "Je souffre donc j'existe dans l'espace politique et médiatique." 

Adieu raison politique, adieu, bien commun.

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Lire la suite: lesalonbeige.blogs.com



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