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lunes, 11 de marzo de 2013

Un état des lieux de la culture serbe de l'après-Milosevic




Milos Sobaic, né à Belgrade en 1945, est un des plus grands peintres des Balkans. Accueilli par les plus importantes galeries d'art en Europe, en Amérique et en Asie, cet artiste de renommée internationale est aussi un intellectuel apprécié tant pour la profondeur de sa réflexion que pour sa liberté de ton. Dans un entretien au Point.fr, Milos Sobaic confie sa vision sur la Serbie de l'après-Milosevic !


Le Point.fr : Quelle est la situation de la culture, aujourd'hui, en Serbie, après l'ère Milosevic, qui vit votre pays mis au ban des nations tout au long des années 1990, et surtout après son éviction, au début des années 2000, du pouvoir ?

Milos Sobaic : La situation en Serbie, sur le plan culturel et artistique, est aujourd'hui catastrophique, bien pire encore - ce qui n'est pas peu dire ! - que sous l'ère Milosevic. La situation y est d'autant plus dure qu'il n'y a pas d'argent dans ce pays, malgré le changement politique et les promesses faites par l'Occident, dont l'Union européenne. L'une des conséquences les plus graves de cette pauvreté galopante, dans ce pays où l'on peut désormais acquérir toutes les marchandises, mais où elles sont hors de prix par rapport à la bassesse des salaires, est l'accroissement, et non seulement auprès de la criminalité mafieuse, de la corruption : une corruption généralisée en Serbie. Les gens y sont facilement corruptibles, pour une bouchée de pain. On peut tout acheter aujourd'hui, souvent pour des sommes dérisoires, en Serbie !

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La question que je me pose, comme bon nombre de mes compatriotes, avant de répondre à votre légitime et intéressante question, est la suivante : qu'est-ce donc, en fin de compte, que la démocratie, ce mot que l'Occident aime tant brandir au fronton de ses institutions politiques, lesquelles sont de plus en plus tributaires, cependant, des lois de l'économie, sinon de la haute finance ? Je ne suis pas sûr, pour ma part, que la démocratie existe réellement, même dans les pays réputés libres. Car j'y vois bien plutôt un pouvoir à la solde de l'argent ! Il semble que seuls ceux qui y ont une grosse fortune disposent, en réalité, d'un réel pouvoir, lequel passe ainsi, frauduleusement, pour de la démocratie. J'ai un ami londonien, riche collectionneur d'oeuvres d'art, qui me lance souvent cette boutade, laquelle, par-delà son cynisme, n'est pas sans fondement, malheureusement là encore : il faut être riche, aujourd'hui, pour être démocrate. C'est, là aussi, tragique !
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Il y a aujourd'hui, en Serbie, un million de démunis, c'est-à-dire près d'un dixième de la population globale, qui vit, surtout dans les villes, sous le seuil de pauvreté : des personnes, hommes et femmes, jeunes ou vieux, qui n'ont rien à manger. Ils sont souvent contraints, pour se nourrir à leur faim, de quitter leur cité pour se réfugier à la campagne, dans leur famille, où ils peuvent jouir, modestement, des produits naturels, de la terre, du jardin, du potager, de la ferme ou des champs. La démocratie ne marche pas, hélas, en Serbie. On l'y attend, bien sûr, avec impatience. Mais on ne la voit pas arriver !
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