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domingo, 3 de marzo de 2013

Livres: Dictionnaire amoureux de Stendhal, de Dominique Fernandez - L'Ame sensible. [Le complexe de Stendhal] de Jean Dutourd

Voyage amoureux en Stendhalie



Dictionnaire amoureux de Stendhal par Fernandez

« Tu trembles, Bailly ? » il répondit : « Oui, mon ami, mais c’est de froid. »


Littérature. Pour le 230e anniversaire de sa naissance, 

Dominique Fernandez et Gérard Guégan rendent hommage 

au plus moderne et au plus libre de nos romanciers.

Sur la mappemonde de la littérature, la Stendhalie est une petite contrée longtemps méconnue, aux frontières mouvantes et à la population réduite, bien qu’en augmentation régulière depuis 1842. Ses habitants appartiennent à deux catégories qu’il faut se garder de confondre, les stendhalistes ou plutôt beylistes, espèce érudite et souvent universitaire, qui s’y sont installés au début du XXe siècle et n’ont cessé de croître, et les stendhaliens, race d’amoureux et de pèlerins passionnés qui, dès le XIXe siècle, ont fait du “gros consul” leur frère d’élection et l’objet d’un culte discret pour happy few. Sans tomber dans la dévotion à outrance et méconnaître les faiblesses et les défauts de leur héros, qu’ils affectionnent à la manière, désinvolte et bonhomme, dont celui-ci aimait les épinards et Saint-Simon, Cimarosa et le code civil.
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Composé avec une fantaisie capricante typiquement stendhalienne, écrit d’une plume vive et allègre, ce Dictionnaire amoureux de Stendhal est si riche qu’il est difficile de faire un choix entre les multiples entrées qu’il propose. Le lecteur stendhalien ira d’emblée à quelques fondamentaux : « Amour », « Bonheur », « Musique », « Italie », « Liberté », « Beylisme », « Virtù », « Politique », « Beaux- Arts », « Cristallisation », afin de constater convergence ou divergence de points de vue. Amateur de ces détails si chers à Stendhal, il butinera du côté de « Antichambres », « Pseudonymes », « Plagiat », « Épinards », « Épitaphe » ou « Enfiler »…
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Lire ici: www.valeursactuelles.com


L'Ame sensible. [Le complexe de Stendhal] 
de Jean Dutourd
L'âme sensible par Dutourd
... se proposant d'écrire sur Stendhal, Jean Dutourd s'est laissé entraîner à parler aussi de Napoléon, de la vie et de la mort, de l'art, de la guerre et de l'amour, de lui-même aussi : " Je n'imaginais guère, en commençant mon
chapitre Stendhal, qu'il deviendrait L'âme sensible, et que je mettrais dans ce livre toute mon expérience d'homme et d'écrivain. "
www.babelio.com

Académie française

Discours de réception de M. Jean Dutourd,
et réponse de M. Maurice Schumann

Le 10 janvier 1980 - M. Jean Dutourd ayant été élu par l’Académie française à la place laissée vacante par la mort deM. Jacques Rueff, y est venu prendre séance le jeudi 10 janvier 1980 et a prononcé le discours suivant :


... le 31e fauteuil de l’Académie française : « C’est tout à fait un fauteuil pour vous : il compte deux exclus et un guillotiné. » Les deux exclus, comme vous savez, furent l’abbé Furetière, qui composa à lui tout seul un dictionnaire concurrent de celui de l’Académie, impertinence, dont, je vous le promets, je ne me rendrai point coupable, et l’abbé Sieyès, régicide feutré, mais point assez feutré toutefois pour que les Bourbons ne s’en souvinssent lors de leur Restauration. Quant au guillotiné, c’est M. Bailly, aimable astronome, préfiguration du docteur Nimbus ou du savant Cosinus, qui descendit de ses étoiles pour faire de la politique.

Or, s’il est souvent profitable à un homme d’action d’écrire des livres, il est presque toujours fatal à un homme de pensée de tâter de la politique. Un usage modéré et occasionnel de la littérature conduit aisément un Ministre à l’Académie, ce qui est un itinéraire charmant. Une incursion, en général imprudente et romanesque, d’un écrivain ou d’un savant dans les affaires publiques lui apporte une foule de désagréments. Je sais de quoi je parle, ayant eu cette tentation à certains moments de ma vie. Je n’y ai récolté que des horions et la vigilante détestation de ce qu’on appelle l’intellitgensia, parce que je professais des idées un peu différentes des siennes. En fait, je n’avais point d’idées du tout, car l’affaire d’un artiste n’est pas d’avoir des idées. Je n’avais que des sentiments, et assez élémentaires. J’aimais la gloire de la France, je voulais y contribuer en quelque façon. Un homme supérieur que j’admirais et pour l’amour duquel, pendant la guerre, je m’étais mis parfois dans des situations incommodes, gouvernait alors notre pays. Je brûlais de concourir, si peu que ce fût, à son œuvre. Bref l’intelligentsia me prit pour un individu dangereux, alors que je n’étais qu’un brouillon, au mieux un rêveur.

On ne s’étonnera pas si j’éprouve de la tendresse pour le pauvre M. Bailly, dont je contemplais la longue tête chevaline, jadis, dans mon manuel d’Histoire. Comment une tête pareille, si respectable, si manifestement modelée pour les lauriers austères des Académies, arrive-t-elle sous le couperet de la guillotine ? Seule, la politique peut expliquer ce déplorable enchaînement de circonstances. L’homme de pensée, pour son malheur, met dans l’action les vertus qui ornent les ouvrages de son esprit, à savoir : la morale, l’honneur, la logique. Ce n’est pas avec cela que l’on régente les peuples ou que l’on conquiert l’opinion. La morale poussa M. Bailly dans la révolution, la logique l’amena à faire tirer sur des extrémistes, et l’honneur le contraignit à témoigner en faveur de la reine Marie-Antoinette. Après quoi, il ne restait qu’à mourir. Il eût même un mot historique. Au bourreau qui lui disait en ricanant : « Tu trembles, Bailly ? » il répondit : « Oui, mon ami, mais c’est de froid. »

Il est à noter que lorsque nous mourons de mort violente, nous qui, par nos travaux paisibles et sédentaires, n’y sommes pas préparés, nous le faisons assez bien. Plutôt mieux, à ce qu’il me semble, que les professionnels de l’action. C’est que notre philosophie tout à coup nous revient. Stendhal dit de l’exécution de Julien Sorel qu’elle eut lieu « simplement, convenablement et de sa part sans affectation ». Il pensait à lui-même, cela est certain, en écrivant cette formule, il imaginait l’attitude qu’il aurait eue dans une traverse de ce genre, et celle de tous les Julien Sorel passés ou à venir, car Julien Sorel, en dépit de ses envies de grandeur, de ses oscillations entre le noir de la prêtrise et le rouge du militaire, est au fond un homme de lettres.




Lire ici: www.academie-francaise.fr

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