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sábado, 9 de marzo de 2013

Le Panthéon pour Stéphane Hessel ? Il était dans l’air du temps. Cela en fait-il un Grand Homme?

Du bon usage de l'indignation

Par Pierre Sabatier

Je dois dire que j'ai été ébahi. Et je crois que je ne suis pas le seul. De quoi ? De l'énorme succès de librairie rencontré par la petite brochure de Stéphane Hessel Indignez-vous! Un succès tel que certains ont proposé sans rire d'inhumer son auteur au Panthéon (on a les Victor Hugo qu'on peut).
Des qualités littéraires de l'ouvrage et des qualités personnelles de son auteur il ne sera pas débattu ici. Que chacun en pense ce qu'il veut – on est chez les libéraux, hein. Ce qui m'intrigue, c'est le phénomène social que représente ce succès. Incontestablement, nous avons là un événement qui nous dit quelque chose d'important sur la société dans laquelle nous vivons. Certes, certes. Mais quoi ?
Le discours de Stéphane Hessel appartient au registre de ce qu'il est convenu d'appeler le Politiquement correct. Tout y est, en un résumé succinct et pas trop difficile à lire. Je crois que là est le secret de son étonnante fortune. On pourrait aller jusqu'à dire sans trop exagérer qu'il est au Politiquement correct français contemporain ce que le Petit livre rouge était au maoïsme chinois.
Mais ça va plus loin. Le Politiquement correct est, on le sait, l'héritier en ligne directe du discours marxiste. L'ennemi qu'il désigne, qui incarne à ses yeux l'abomination de la désolation, la source de tous les fléaux qui accablent l'humanité, le cloaque putride d'où surgissent toutes les perversions, n'a pas changé : c'est le capitalisme – qu'il soit rebaptisé ultra-libéralisme en novlangue politiquement correcte ne doit pas abuser : c'est bien la même Bête. Immonde.
............


Le Panthéon ? Oui, pour Marc Bloch !
Stéphane Hessel était dans l’air du temps. 
Cela en fait-il un Grand Homme ?

D’Olympe de Gouges à Mendès France, pour entrer au Panthéon, les postulants sont légion.

Un homme “exquis”, avec un “air d’éternelle jeunesse”, Stéphane Hessel a collectionné les poncifs avec un plaisir non dissimulé. Sa place est-elle pour autant au Panthéon ? Si on devait faire entrer au Panthéon tous les grands charmeurs, la crypte n’y suffirait pas. Sans parler des femmes qui attendent toujours devant les grilles pour rejoindre Marie Curie.

En 2006, un groupe d’historiens a tenté d’y présenter Marc Bloch, un héros de la Résistance, ce qui n’aurait pas “manqué d’allure”, aurait pu dire Eva Joly, pour un pays qui n’a toujours pas su faire entrer la statue du capitaine Dreyfus dans la cour de l’Ecole militaire. Combattant de la Première Guerre, décoré de la Croix de Guerre, ce Juif lyonnais, cofondateur de la Revue des Annales, s’est porté volontaire dès 1939, bien qu’il eût la cinquantaine et qu’il fût malade. Après un an dans la clandestinité, Marc Bloch, chef du réseau Franc-Tireur à Lyon, fut arrêté et torturé puis fusillé le 16 juin 1944 sans avoir livré ses camarades.

Stéphane Hessel fut un grand charmeur, nul ne le conteste. Comme la banderille du toréador, il savait vous planter dans le cœur un petit poème de Baudelaire ou de Rilke pour conclure la rencontre et vous laisser subjugué(e). Evidemment. Qui pourrait, qui oserait encore vous réciter un poème avec cette conviction et cette délectation ?

On ne sait pourquoi, à partir du milieu des années 90, celui qui avait cultivé la discrétion et l’élégance des ambassades sortit de sa réserve et se mit à militer avec conviction au Droit au Logement (DAL). Dès lors, Christiane Chabry, qu’il avait épousée en 19871, apparaît toujours à ses côtés.

Puis tout a changé il y a une dizaine d’années — DAL n’était qu’une mise en bouche, semblait-il. Comme pris de frénésie, il renonça brutalement au langage diplomatique qui, au tournant des années 2000, lui était encore naturel, pour multiplier les déclarations irresponsables et les comportements affligeants. Cela paraît coïncider avec sa première visite à Gaza, en 2003, juste avant que le Hamas prenne le pouvoir dans ce territoire.

Le coup de tonnerre éclata l’été dernier, quand on découvrit une interview de Hessel parue en janvier 2011 dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung :

“L’occupation allemande était, si on la compare par exemple 
avec l’occupation actuelle de la Palestine par les Israéliens, 
une occupation relativement inoffensive, abstraction faite d’éléments d’exception comme les incarcérations, les internements et les exécutions, ainsi que le vol d’oeuvres d’art. Tout cela était terrible. 
Mais il s’agissait d’une politique d’occupation 
qui voulait agir positivement et de ce fait nous rendait à nous, 
résistants, le travail si difficile”.
.....

Une attitude pour le moins curieuse de la part de celui qui se proclamait un ardent défenseur du droit international et des Droits de l’homme.
Que les fans de Stéphane Hessel se rassurent : à défaut d’une place au Panthéon, il y aura certainement bientôt une place Stéphane Hessel… à Gaza.


Lire ici: www.causeur.fr






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